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 [PARTIE 1 ACHEVEE] Mystérieuse Disparition d'un Despranòn [Solo Flashback]

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Tarek Ngaresh
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MessageSujet: [PARTIE 1 ACHEVEE] Mystérieuse Disparition d'un Despranòn [Solo Flashback]   [PARTIE 1 ACHEVEE] Mystérieuse Disparition d'un Despranòn [Solo Flashback] I_icon_minitimeSam 24 Mar - 3:36

Orage, Crash et Sable.



Ca gronde. Les murs du Panthéon tremblent, c'est la panique. Des soldats et des officiers courent dans tous les sens. Même les scientifiques ont laissé tomber leur flegme habituel, pour se joindre aux forces qui convergent vers la sortie. Qu'est-ce qu'il se passe ? L'homme enfermé dans son bureau à finir quelques papiers ne le sait pas, mais ne compte pas s'éterniser au Panthéon. Il faut qu'il s'en aille, et vite. Cette institution ne veut plus rien dire. Le Gouvernement n'est plus qu'un théâtre de pitres, et il est grand temps de prendre des vacances. La durée... inconnue. Destination, le désert de Mala Muerte. Faisant rapidement du tri dans ses dossiers et en terminant d'autres, Tarek jeta un oeil aux hommes qui se tenaient debout en face de lui, l'air grave. Ils étaient entrés au moment où Tarek allait partir, et avait donc été pris en flagrant délit de désertion. Enfin, on ne savait toujours pas ce qu'il désertait réellement. Sûrement l'abruti qui croyait faire du bruit dehors. La seule chose qu'il faisait c'était régler les problèmes de surpopulation de certains quartiers de Sérégon, rien de plus. Tarek ne comprenait pas pourquoi le Panthéon était sens dessus dessous. Mais maintenant qu'il avait toutes les informations en main, et qu'il savait où trouver cet homme, il n'allait pas rester ici plus longtemps. Son poste serait ainsi libre pendant au moins plusieurs mois. Ca ne le dérangeait pas plus que ça. Il avait horreur de ressentir la frustration quotidienne d'être Despranòn Omicron au milieu d'un groupe d'abrutis. Et pas que les sous-gradés, la connerie remontait jusqu'aux plus hauts gradés. Du coup... Ces hommes qui l'observaient, presque au garde à vous, se demandaient ce que fichait l'Omicron, et pourquoi il était pas parti se battre avec les autres. Se battre contre un ennemi qui ne vaut même pas l'emploi de se terme. Autant dire que la plupart des autres Despranòn se sont fait brain comme pas possible.


"Vous tous, vous allez venir avec moi. Pendant qu'ils sont occupés ici, nous aurons moins de chance de tomber sur des rebelles et des Densetsu sur les autres continents. Il y a une mission d'une importance capitale qui nous attend non loin de Mala Muerte. La nuit commence à tomber, nous ferions mieux de nous dépêcher. Que chacun aille dans son chasseur, décolle et m'attendent en formation X24 à l'extérieur de la ville. Volez bas, et évitez la foudre. Disposez."

Le capitaine de l'escadron aérien, muet comme une carpe, obéit sans broncher aux ordres de Tarek, bien que sa langue brûlât de questions. Mais un ordre restait un ordre. Il connaissait sa place, donc n'ouvrit pas la bouche et donna quelques directives à ses hommes pour que soient exécutés aux mieux les souhaits de Tarek. D'ailleurs, le Despranòn aurait préféré pouvoir partir seul. Si ces hommes n'étaient pas entrés dans son bureau, scellant du même coup leur sort, Tarek aurait pu partir l'esprit tranquille. Mais de nouveaux paramètres entraient désormais dans l'équation, et il retardait son départ uniquement pour réfléchir et rééquilibrer la donne. Et chaque solution comportait la même donnée. Mort. Ils devaient mourir. Son acte était une désertion pure et simple, faite sciemment, et ces hommes en étaient parfaitement témoins. Et Tarek n'aimait pas les témoins, sauf quand il s'agissait d'actions augmentant son crédit, ou discréditant ses cibles. En l'occurrence, c'est lui qui y risquait.

Il finit complètement de mettre de l'ordre dans ses dossiers, prit quelques notes qu'il glissa dans une poche de sa veste, et se dirigea vers la sortie, puis vers lees hangars à chasseur, où le sien l'attendait. Il grimpa dedans, lança le programme de décollage, et en peu de temps, en volant à basse altitude, avait rejoint ses hommes. La ville était en panique totale, et des cadavres jonchaient les rues. Sans compter l'orage, qui rendait le pilotage d'une rare difficulté. Plus ça allait, plus il était content de se tirer loin d'ici. La nuit tombait, la visibilité avec. Les autres vaisseaux, parqués devant lui en bordures de la ville, attendaient un signal de sa part. Il lança les holocommunications, et s'adressa à tous les pilotes d'un coup.

"Le trajet va être long et difficile. Nous nous rendons sur Mycra. Gaffe à l'orage. Il est sacrément violent, donc pendant un petit moment, on va être secoués comme des pruniers. Evitez autant que possible la foudre, et activez vos boucliers magnétiques au cas où, pour parer l'éventualité d'un éclair sur le cockpit. Jusqu'à ce que nous sortions de l'orage, silence radio. On reste en formation 78, bien groupés, et vous me collez au cul comme dans un embouteillage. Je reprendrai contact une fois qu'on sera en sécurité au dessus de l'océan."

Il reçut une série de remarques affirmatives, et décolla, prenant la tête de l'escadron qui allait quitter Sérégon... Pour ne jamais y revenir. Evidemment, aucun des pilotes ne s'en doutaient, bien que les plus malins d'entre eux commençaient à percevoir une anomalie dans le comportement de Tarek et le but réel de leur "mission parallèle", qui avait un objectif un peu flou pour eux. D'autant plus qu'en général quand un Despranòn se déplaçait, il ne prenait pas la peine de dépêcher toute une escouade avec lui. Mais même si ça restait mystérieux et sombre, ils ne pouvaient pas désobéir à un ordre direct. Ce qui arrangeait bien Tarek, d'ailleurs. Ainsi la suppression de témoins de sa désertion n'en serait que plus facile.

Le petit escadron vola ainsi pendant plusieurs heures, à basse altitude. Il était très difficile d'évoluer dans cette situation. Les chasseurs, bien que solides, étaient très légers, et peu adaptés à circuler au beau milieu d'un orage. Les bourrasques aussi soudaines que violentes mettaient à rude épreuve les compétences des pilotes. Même Tarek, qui était pourtant un pilote de haute voltige, n'en menait pas large au milieu de cet orage aussi artificiel que chaotique. Ils devaient le quitter au plus vite. D'après les écrans installés sur le tableau de bord du cockpit, la nuit était déjà tombée complètement depuis environ un quart d'heure. Il était environ 21h30. Et Tarek escomptait bien arriver au niveau de Mycra avant le lever du soleil. Du coup, il poussa un peu plus les moteurs de son chasseur, obligeant tout l'escadron à faire de même, malgré les turbulences, qui au fond, n'arrêtaient pas d'empirer. Mourir maintenant frappé par la foudre ou écrasé contre un immeuble dissimulé dans l'obscurité aurait été d'une connerie que Tarek n'aurait pu supporter. Aussi, ils redoublèrent tous de prudence tout en accélérant, guettant le moindre signe de danger dans ce chaos climatique. Si les cockpits n'avaient pas été parfaitement insonorisés, même un casque ou un Earflits aux performances décuplées n'auraient pas pu couvrir un dixième des hurlements du vents et grondements de tonnerre. De quoi rendre plus sourd encore une personne déjà sourde.
Ce fut long. Très long même. Il s'écoula environ quatre heures entre leur départ de Sérégon et le moment où ils quittèrent enfin l'orage, soulagés de voir qu'il ne s'agissait désormais que d'une énorme masse noire derrière eux. Désormais, ils pouvaient mettre les plein gaz, à l'injonction de Tarek qui comme promis, leur donna les nouvelles directives. Ils adoptèrent une nouvelle formation, mirent le paquet, et se dirigèrent comme un seul homme vers Mycra.

Vers 4h30 du matin, la terre apparut à l'horizon. Ils étaient tout juste dans les temps. Tant qu'il faisait encore noir, Tarek activa sa magie, au risque de faire déconner tous les appareils de bord, et dès qu'ils franchirent la première bande de terre, marquant la fin de l'océan et la naissance du continent, il relia tous les moteurs entre eux par des filins d'ombre, se servant de la nuit environnante, et fit circuler tout son flux à l'intérieur. L'effet n'avait pas pour but d'attirer les vaisseaux à lui ou quoi que ce soit. Mais l'effet se fit très vite ressentir. Presque simultanément, tous les chasseurs firent une embardée. Dans l'incompréhension la plus totale, les pilotes tentèrent de reprendre le contrôle de l'appareil. Tarek y compris, qui avait le plus grand mal à maintenir son appareil sur un cap stable. Il voulait juste atteindre quelques kilomètres de plus. Il fit circuler un peu plus de magie dans ses filins, et de nouveau, les vaisseaux furent pris d'embardées plus que sévères. La magie et la technologie, quand les machines n'étaient pas prévues pour la supporter, pouvaient faire un très mauvais mélange. Un peu comme maintenant. Certains moteurs commencèrent à produire des étincelles. Le réacteur de celui qui était en queue de file finit par exploser, bientôt suivi par la totalité de l'appareil.


"Despranòn Omicron, nous sommes sûrement en train de survoler une zone à magnétisme particulier, les vaisseaux ne tiennent pas le coup ! Nous avons déjà perdu un homme, et les appareils continuent de souffrir des particularités de la zone !"

Il se garda bien de dire quoi que ce soit à ce propos. En dessous ce n'était que le désert, et le seul risque était une poche de gaz percée qui influerait sur l'air déplacé par les appareils. Ce qui était hautement improbable. C'était bien lui qui faisait souffrir chaque appareil avec sa magie. Il voulait un crash général afin de supprimer toute preuve. Les épaves seraient trop endommagées et trop vite recouvertes par les sables pour qu'on puisse déceler une utilisation de magie dans un but criminel. Théoriquement, un homicide multiple sans possibilité de découverte de preuves. Le pied.
Cependant, l'utilisation massive de magie comme Tarek le faisait n'était pas sans risques. En effet, par deux fois sa conscience vascilla, l'empêchant de garder un contrôle parfait sur son crash. Il était obligé d'utiliser une ombre presque virtuelle, la nuit elle même, ce qui réclamait déjà une énergie colossale, et qui plus est, devait relier plusieurs cibles mouvantes et rapides, et fixer des impulsions magiques dessus pour que les appareils déconnent tous en même temps. Voilà pourquoi Tarek regrettait que ces hommes se soient joints -contre leur gré, ça ne fait aucun doute, et à leur insu- à cette randonnée. Cela lui demandait d'utiliser une partie considérable de ses ressources magiques. Et malheureusement, avec leur arrivée imprévue à son bureau, il n'avait pas eu énormément de temps pour concocter un plan. Cinq ou six minutes en fait. Oh il aurait pu les renvoyer vertement à leur poste en balançant des imprécations glaciales comme il savait si bien le faire. Mais les soldats, qui l'avaient vu plier bagage, auraient présenté une source de danger potentielle, et il ne pouvait pas se le permettre. Dans l'urgence, on utilisait toujours des solutions drastiques. C'est ce qui s'était passé. En gros.

Maintenant, ils avaient dépassé -à grand peine il faut dire- la borne kilométrique virtuelle que Tarek s'était fixée en tête. Il fit de nouveau jaillir dans ses filins de puissantes impulsions, et ce qui était prévu arriva. Les appareils étaient totalement hors de contrôle. Ils piquèrent tous dangereusement vers le sol. Et pour Tarek, la partie la plus difficile de l'opération commençait. Soucieux d'économiser un maximum son énergie -il sentait déjà des brûlures sur ses bras et ses cuisses, signe que des plaies venaient de s'y ouvrir à l'instant-, il rompit tous les filins, et activa un autre pouvoir. Utilisant l'ombre présente dans et sur la machine, il permit à son corps et à celui de son vaisseau de devenir partiellement partie intégrante de l'ombre elle-même. Il n'écoutait plus les cris d'alerte de ses compagnons de vol, concentré au maximum sur la phase magique de son plan. Peu à peu, il sentit la matière du vaisseau perdre en consistance. Ils approchaient du sol à une vitesse vertigineuse. Il augmenta ses afflux magiques pour dématérialiser le vaisseau au plus vite. Le sol n'était plus qu'à quelques mètres...


Le temps sembla se suspendre un bref instant. Aucun bruit ne résonnait dans le désert. A quelques dizaines de mètres de l'endroit où allaient s'écraser les vaisseaux, un Skael profitait pleinement de sa digestion, satisfait d'avoir pu trouver une proie à sa mesure. Les ombres dans le ciel, il ne les voyait même pas. Mais une vibration dans l'air, une crainte, une terreur, un effroi glacial se répandit dans l'air. Dans sa paresse, il leva doucement la tête. Quelques secondes après, il avait disparu, fuyant le désastre imminent. La terreur empestait dans l'air. C'était mauvais signe. Jamais de telles émotions ne se retrouvaient dans le désert. Il ne comprenait pas. Mieux valait fuir, car peur signifiait danger. Une odeur douce-amère lui perça les naseaux. Insidieuse, c'était l'odeur de la Mort. Et la mort n'était pas une amie. Oui,fuir était la bonne solution.

Le Skael a bien fait. Car sitôt qu'il se fut mis en sécurité, un carnage comme on en voyait rarement s'ensuivit. Une dizaine -peut-être un peu plus- de vaisseaux s'écrasèrent sur la terre dure de cette zone aride, dans une explosion et des projections de schrapnels d'une rare violence. Dans un bruit de métal torturée et de flammes enragées, le cataclysme prit fin aussi soudainement qu'il était tombé sur ce désert. Les flammes projetaient des ombres carnassières aux quatre coins des sites du crash, et pour les rares animaux présent, ce spectacle flamboyant resterait gravé dans leur mémoire. Aucune personne alentour, aucun village ni aucune caravane ne fut témoin de ce show mortel. Uniquement quelques animaux, qui effrayés ne s'approcheraient plus de cet endroit, même des années après.

Cette partie là fut pour Tarek une véritable torture. Autant physique que mentale. Lors de l'impact, il dut avec un timing d'une précision chirurgicale, faire pénétrer son vaisseau dans l'ombre des autres, en prenant garde aux flammes qui envahissaient la zone. Si elles frappaient l'endroit où Tarek était dissimulé, c'était la fin. C'est sans bruit qu'il parut s'enfoncer dans le sol comme s'il n'y en avait jamais eu, laissant à leur sort les pauvres pilotes, dont beaucoup périrent dans l'accident. Dès qu'il fut dans l'ombre, il dut s'extirper de son cockpit, laisser l'appareil, et se diriger via le déplacement des ombres dans une zone moins en proie aux flammes. Derrière le rocher où le Skael avait failli assister à la scène, par exemple. Il put en ressortir ici. Cela lui avait coûté un prix difficile à encaisser en énergie. Les plaies étaient multiples, brûlantes, malgré leur finesse, et le sang commençait à s'en écouler. On pouvait ajouter à ça une migraine à tuer un cheval, et une vue troublée par les lueurs flambantes de l'explosion. Un pur massacre. Mais ça n'était pas fini. Même si c'était peu vraisemblable, il y avait peut être des survivants au crash. Il parcourut ainsi les épaves, et au bout d'une minute environ de marche difficile et irrégulière, il entendit de faibles plaintes. Deux pilotes, qui étaient entrés en collision pendant le crash, étaient encore en vie. Leurs blessures étaient graves, surtout au niveau des jambes, mais ils pouvaient s'en sortir, moyennant une amputation et l'installation de prothèses. Donc : Témoins potentiels. Cette idée était tout ce qui maintenait Tarek Ngaresh debout à l'heure actuelle. N'ayant plus beaucoup de force et un fond de bouteille de bière en guise de réserve magique, il utilisa ses dernières ressources pour forcer les ombres des deux pilotes à les étrangler. Leur manque de force permit à l'Omicron d'y arriver sans peine. Quelques secondes de gargouillis gémissants, et la vie leur échappait. Il ne restait donc plus personne. Et Tarek était arrivé sur Mycra, sans que le gouvernement soit averti de son départ ou de sa destination.

Il revint en arrière, et s'appuya contre le rocher. Après toutes ces émotions, il avait bien besoin d'une petite pause. De toute façon, il n'aurait pas fait dix mètres de plus qu'il se serait écroulé, inconscient. L'utilisation de magie avait été trop intense et déployée sur un moment bien trop court pour que cela soit sans conséquences. Il sentait déjà son esprit divaguer, et sa conscience s'éloigner. Aussi il sortit sa pipe, toute faite de bois, la bourra rapidement, et ironisa tout seul en l'allumant dans une des flammèches de l'incendie. Assis le dos contre son rocher, il eut à peine le temps de la finir qu'il sombra dans l'inconscience.


Dernière édition par Tarek Ngaresh le Mar 27 Mar - 23:14, édité 1 fois
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Tarek Ngaresh
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MessageSujet: Re: [PARTIE 1 ACHEVEE] Mystérieuse Disparition d'un Despranòn [Solo Flashback]   [PARTIE 1 ACHEVEE] Mystérieuse Disparition d'un Despranòn [Solo Flashback] I_icon_minitimeDim 25 Mar - 23:38


Faim et Soif.


Chaud. La chaleur est insupportable. Malheureusement, l'homme qui marche dans le désert, à un rythme d'une lenteur irréelle, est obligé de garder tous ses habits pour se protéger de la violence du soleil. La sensation n'était pas spécialement agréable.

Le lendemain du crash, Tarek avait non sans mal pris la route, presque au hasard. Il n'était pas remis de ses blessures de la veille, mais n'avait pas spécialement le choix. Rester sur les lieux du crash ne servait à rien, et dès le lever du soleil, la chaleur était devenue insupportable. Se répandaient déjà dans l'air l'odeur infecte de la chair brûlée. Ca empestait tellement l'air que respirer en devenait difficile. Il aurait voulu dissoudre les vaisseaux et les débris dans les ombres en les exposant à la lumière, mais c'était totalement impossible. Il était loin d'avoir recouvré toute sa puissance magique, et n'était pas non plus remis de ses blessures. C'est à contrecoeur et en maudissant le sort que l'Omicron Despranòn partit vers le nord, là où il pensait avoir le plus de chances de trouver la personne qu'il avait recherché pendant plusieurs années. La route n'allait pas être facile. Il n'avait pas de provisions, ni eau ni nourriture, à peine un paquet bourré de tabac à pipe, et ses dossiers. En gros, il fallait qu'il se dépêche. Son vaisseau, le seul en état de marche au moment du crash, avait été dissous par la lumière de l'aurore. Les autres... il était impensable d'essayer de récupérer quoi que ce soit, tout avait brûlé, et la plupart des pièces métalliques et électroniques importantes avaient fondu. Restait plus qu'à faire la totalité du chemin à pieds. Peu de chances qu'il rencontre une caravane, et celles qu'il rencontrerait ne prendrait sûrement pas comme direction l'extrême nord de Mycra, qui brillait par le vide de population total là bas.

Tarek était arrêté près d'un affleurement rocheux, sous une ombre précaire. Son seul moment de repos de la journée. L'épuisement l'étreignait déjà. Ca ne faisait que trois heures qu'il avait quitté le lieu du crash, et pourtant, il avait l'impression d'avoir passé presque deux jours sous le soleil à marcher. Son périple s'annonçait mal. Et pour rendre la chose plus agréable encore, les blessures qu'il s'était infligé la veille en usant absusivement de magie continuaient de le faire souffrir, bien que les saignements se soient arrêtés. Pour la plupart du moins. Pour les autres blessures, au niveau de ses cuisses et de son torses, ça continuait à couler. Il arracha donc les manches de son manteau, prenant soin de conserver sa chemise en dessous, et avec des morceaux de tissu, banda sommairement les plaies. Cela ferait l'affaire. Il laissa échapper un soupir, et leva les yeux devant lui. Dashtikazar. La cité désertique lui paraissait hors de toute portée, y compris la sienne. Devant lui, il n'y avait que de la roche et du sable. Le soleil frappait fort, les vagues de chaleur au raz du sol transformaient le paysage devant lui en étendue ocre nébuleuse, sans aucune perturbation, sans aucun souffle d'air. Il en perdait presque sa contenance habituelle, ce qui était raire. Mais devant autant de distance à parcourir, c'était tout à fait normal de perdre quelque peu courage. Mais pas question de se débiner. Il en avait de toute façon trop fait pour qu'il revienne en arrière. A cette heure ci le gouvernement devait encore être en train de se battre. Lui devait se battre contre la nature par contre, ce qui n'était pas forcément plus aisé. Pendant quelques minutes il se dit qu'il aurait mieux valu qu'il reste avec eux à se battre comme un couillon avant de partir. Le problème étant l'escadron de Protection. Leurs foutus soldats n'arrêtaient pas de lui coller aux basques dans l'espoir qu'il ne lui arrive rien. Et ils le surveillaient. Les rumeurs sur les magouilles de Tarek allaient bon train, et s'il ne faisait rien pour les démentir, il s'était toujours débrouillé pour que rien ne vienne non plus les confirmer. Mais cela devenait un vrai calvaire de se déplacer et "magouiller" comme ils le disaient si bien, tranquillement. Il devait attendre les heures les plus noires de la nuit et sortir en usant de sa magie, ce qu'il détestait faire.

Il attendit environ une dizaine de minutes à l'ombre, malgré la chaleur. Quand il vit que le soleil, qui poursuivait inlassablement sa course, allait finir par détruire même cette ombre, il jugea qu'il était inutile de rester plus longtemps et se remit en route. Il boîtait légèrement, à cause d'une des plaies, plus grosse que les autres, sur sa cuisse gauche. Il n'avait même pas pensé à prendre d'antalgiques ou de calmants assez puissants pour calmer sa douleur, en ayant pourtant en tête toutes les conséquences possibles d'un crash volontaire au beau milieu du désert. Mais l'atmosphère de panique au gouvernement et l'arrivée imprévue des hommes dans son bureau lui avaient fait omettre ce détail. Et il ne se passait pas une minute sans qu'il se maudisse de son oubli. Son bras mécanique, suite aux vagues magiques qu'il avait reçu pendant l'incident, lui faisait un mal de chien aux jointures nerveuses, au niveau de ses deltoïdes et de son épaule. Son pied tenait difficilement au sol plus d'une dizaine de secondes, à cause de ses blessures, et il avait encore du mal à sortir du coltard après son petit coma. Et sans provisions, la suite ne promettait pas d'être plus joyeuse.

Il espérait juste trouver une caravane bourrée de provisions, pour pouvoir en acheter quelques unes sur la route. Il pouvait aussi espérer trouver une oasis, ou quelque chose dans ce goût là, mais les probabilités étaient globalement les mêmes : proches de zéro. Il avait parfaitement conscience qu'il n'arriverait peut-être jamais jusqu'à Babylon. Cette cité du désert était on ne peut plus enfoie dans l'étendue aride de Mycra, et il n'y avait pas de spatio-port. Impossible de poser un jet dans un endroit suffisamment sécurisé, et qui plus est, les zones magnétiques autour de Babylon rendaient le vol pratiquement impossible. Les escarpements rocheux et les ruptures magnétiques faisaient un parfait attrape-couillon pour un pilote amateur, et même confirmé. Du coup on était obligé d'y aller à pied... Ce qui n'était déjà pas une mince affaire, mais alors dans cet état de merde, laissez tomber la misère. Et pourtant... Il continuait, alors qu'une balise de détresse aurait rameuté les autorités les plus proches, qui l'auraient reconduit sans heurt à Sérégon. Bon, outre le fait que les balises avaient toutes été détruites dans l'accident, il n'avait même pas pensé à en utiliser une seule. Tout ce qu'il voulait, c'était rencontré son indic' à Babylon, Chris Vingers, ancien compagnon de cellule. Elle pourrait lui indiquer la trace de la personne qu'il cherchait, visiblement à Babylon, et qui n'était autre qu'un autre utilisateur de l'Umbraesthésie. Il avait eu de brefs contacts avec elle après sa sortie de prison, le temps d'une soirée et d'une nuit, où ils échangeaient quelques informations. C'est comme ça qu'ils se mirent d'ailleurs à travailler de concert. L'ancien gang dans lequel elle était, et qui lui avait valu sa peine de prison à Epic Jail, était une des petites familles mafieuses locales que Tarek avait pris sous sa coupe. Quand elle était sortie, elle avait pris un commandement "intermédiaire", étant placée directement sous les instructions de Tarek, mais dirigeant toujours le gang. Aussi quand ils se voyaient, passés les loisirs auxquels s'adonnaient un homme et une femme qui se plaisaient, Tarek lui donnait des informations concernant les actions du gouvernement à l'encontre de la criminalité, les différents postes à cambrioler les moins bien gardés, et empochait d'autres renseignements, comme des mouvements rebelles. Ainsi que le tribut dérisoire qu'il réclamait. N'ayant jamais le temps d'aller à Babylon et Chris ne voulant pas foutre les pieds en territoire gouvernemental, leur contact restait essentiellement virtuel. Mais pas cette fois, c'était trop important. Il avait enfin trouvé un autre utilisateur de l'Umbraesthésie, qui paraît-il, la maîtrisait suffisamment pour s'éviter nombre des désagréments auxquels Tarek était lui même confronté à chaque utilisation de sa magie. C'était pour cela qu'il était parti, entre autres.

Alors inlassablement, à un rythme extraordinairement lent, il avançait, toujours plus vers le nord, en espérant tomber le plus vite possible sur la côte, ou sur la petite péninsule sur laquelle était bâtie Babylon. Le plus vite possible. Parce qu'entre son rythme de mollusque et le climat insupportable du désert, il ne tiendrait pas des jours. D'ailleurs il commençait déjà à avoir faim et soif, et savait que s'il ne trouvait rien, ces sensations allaient augmenter de façon déraisonnable à cause de l'environnement. Il n'arrivait pas bien à estimer la quantité de vitalité restante, et avait établi qu'avec un repas et quelques rations d'eau par jour, il pourrait atteindre la cité du désert à peu près entier. Mais encore fallait-il les trouver les provisions. Et pour l'instant, c'était carrément mal barré.

Sur la fin de l'après midi, il atteint un nouvel escarpement rocheux, près duquel il allait sûrement passé la nuit. Le vent gagnait en force avec le déclin du soleil, et la nuit promettait d'être glaciale ET venteuse au possible. Par contre, il lui faudrait quelque chose à manger. Sinon le lendemain serait un supplice.
Il commença donc par s'installer sous la roche abrupte, et retira une partie de ses vêtements. Pas par commodité, vu la fraîcheur de l'air, mais pour vérifier l'état de ses blessures. Elles étaient nombreuses, et bien que pas mal fussent en état de guérison avancée, pas mal d'autres restaient bien douloureuse. Un rictus de dépit apparut sur ses lèvres lorsqu'il défit les bandages de fortune qu'il s'était fait. Le sable s'était infiltré en pas mal d'endroits, et des croûtes noires avaient fini par apparaître, notamment en plein milieu des coupures les plus grosses, formant des amas sombres et plutôt dégueu, qui n'allaient pas tarder à s'infecter. Ne possédant pas de désinfectant ou d'eau ne serait-ce que pour rincer, il devrait faire avec. Ses bandages étaient plein de terre, et il dut déchirer d'autres morceaux de son manteau pour en refaire. Sachant que le résultat serait le même voire pire le lendemain, il se demandait si ça valait bien la peine de mettre un de ses précieux manteaux en pièces juste pour empêcher le sang de couler. Le sable avait l'air de se porter volontaire visiblement...

Il posa ses affaires et allait s'allonger avant de reprendre la route, quand un bruit l'alerta non loin de lui. Un bruissement faible, mais tout de même plus sec et plus distinct que la plainte continuelle du vent qui ne cessait de souffler. Possédant une excellente vision nocturne, il retira ses lunettes, à l'affût, et sortir ses seules armes utile en l'instant, à défaut de pouvoir utiliser la magie, ses deux énormes flingues. Il progressa sans bruit jusqu'au sommet de l'affleurement rocheux, aux aguets. Si quelqu'un se pointait par ici, il n'allait pas lui faire de cadeau. A savoir lui coller une balle dans le crâne, et lui voler tout ce qu'il possédait, vêtements compris. Ca économiserait son manteau. Mais au lieu de ça... Il poussa un soupir de déception. Un Khedis. Cette sale bête, visiblement repue, se trimballait avec sa carapace d'acier sur le sable, cherchant sûrement un endroit pour se reposer tranquillement. La déception laissa vite place à l'envie. Il avait faim. Il avait soif. Et le Khedis se présentait à lui comme un cadeau.


"Doit bien me rester assez de pouvoir pour ça..."

Il se mit à plat ventre sur la roche, visant soigneusement l'animal, et concentra les ombres alentour dans son chargeur, et plus précisément autour des balles. Immatérielle pour l'instant cela n'avait aucun effet. Mais elles prenaient une certaine consistance lorsqu'elles étaient éjectées de l'arme, ce qui augmentait significativement le pouvoir pénétrant de ses balles à fragmentation. C'était le seul moyen de percer la carapace du Khedis et de le tuer. Une fois qu'il eut la tête bien en vue, et sachant qu'il n'aurait qu'un essai... Il tira. L'ombre se condensa brutalement autour de la balle, lui donnant l'apparence d'un poignard plus qu'une d'une ogive de plomb, qui alla se loger dans la tête du Khedis, libérant de minuscules schrapnels dans le crâne de la bestiole qui mourrut sur le coup.
Après avoir ramené le cadavre près de l'endroit où il comptait dormir, il entreprit de l'ouvrir. L'ombre qui se forma au bout de ses doigts était suffisamment tranchante pour entamer la peau de son ventre, non protégée, et c'est ce qu'il fit, faisant fi du sang chaud qu'il se mit sur les mains. Il n'était pas à ça près. Il fixa la bête, pendant quelques secondes, puis se pencha et mordit sauvagement dans la chair, avide de nourriture. La première bouchée déclencha un haut le coeur si violent qu'il dut reculer de quelques pas, et se retenir de tout recracher d'un coup. C'était mou, gluant, infect, et pire que tout, c'était encore vivant il y avait moins de cinq minutes de cela. Passé la première phase dégoût, il recommença, inlassablement, jusqu'à s'y habituer, et pouvoir ingurgiter la nourriture -qui présentait des risques d'intoxication non négligeables-. Pour boire il n'y avait que ce qu'il restait de sang dans le corps, et c'est avec le coeur sur les lèvres qu'il recommença, pâle comme la mort et trempé de sueurs froides causées par la nausée. Une véritable horreur bouchère.
Et c'était pas fini. Ne pouvant utiliser trop de magie -elle se bloquait dès qu'il tentait de la réinvoquer- il utilisa son manteau comme sac pour y fourrer divers morceaux de bestiole. Il noua le tout, et put se permettre d'aller se coucher, grelottant de froid, et de dégoût. Mine de rien, la viande crue et graisseuse, mêlée au jus d'organes, ça restait un peu sur l'estomac.

Et il n'en avait pas fini.


Dernière édition par Tarek Ngaresh le Mar 27 Mar - 23:12, édité 2 fois
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Tarek Ngaresh

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Fin du Voyage.


Depuis combien de temps traînait-il dans le désert ? Des semaines ? Des mois ? Des années ? Ca aurait pu être n'importe laquelle de ses propositions, tant le temps passait lentement et sans changement. Du lever au coucher du soleil, toujours les mêmes paysages dénués de véritable relief, et au bout, un objectif si difficile à atteindre qu'il lui semblait qu'il s'amenuisait en même temps que l'horizon. Il aurait volontiers attendu la nuit pour se déplacer, moment peut-être plus propice au voyage grâce à l'ombre environnante qui ressourçait l'Omicron mais... Le vent était si fort et les températures si glaciales, comparées à la journée, que Tarek aurait trop facilement dévié de son chemin, et se serait retrouvé à Modula ou Mala Muerte avant de comprendre ce qu'il lui arrivait. Du coup, il se trimballait tant bien que mal pendant la journée, du lever au coucher du soleil, presque sans discontinuer. Il répandait autour de lui une odeur immonde. Si des vautours traînaient dans le coin, ils lui sauteraient probablement dessus en sentant l'odeur de charogne en putréfaction qui s'échappait du cadavre de Khedis, découpé et collé dans le manteau de Tarek. Il s'agissait là de ses seules réserves de nourriture. Et à chaque fois qu'il y plantait ses dents, il ne pouvait s'empêcher d'avoir des nausées affreuses et de maudire cette zone sans personne pour la traverser. Lui qui avait un train relativement tranquille au Panthéon, même s'il mangeait et buvait peu -à cause de sa manière forcenée de travailler-, il mangeait de la bonne nourriture. Elle avait beau sortir de l'épicerie du coin, c'était toujours meilleur qu'un cadavre qui commençait à moisir et à se décomposer. Le risque d'infection atteignait des sommets. Il le savait pertinamment, et espérait arriver chez Chris avant que la maladie ne décide de l'emporter dans un tout autre lieu.

De temps en temps, dans sa lente marche, il tombait sur des pousses de petites plantes grasses, aux feuilles si rondelettes qu'on pouvait voir passer l'eau à l'intérieur. Impossible de savoir jusqu'où descendaient les racines, et c'était à vrai dire le dernier souci du Despranòn. Il se contentait de ramasser les feuilles, de les coller dans une de ses poches, et de les suçoter quand la soif devenait trop prenante. C'était pas vraiment suffisant, mais au moins, c'était ça de pris et ça évitait le total dessèchement. Encore que... Cela faisait maintenant six jours que Tarek marchait inlassablement. Ca donne déjà une idée de l'état du cadavre présent dans sa besace improvisée. Il avait perdu aussi beaucoup de poids. Malgré le soleil, son teint était crayeux, ses joues plus creuses que d'ordinaire, et son regard avait perdu une grande partie de son éclat. Ses lèvres sèches saignaient dès qu'elles s'étiraient pour accueillir un autre morceau de viande pourrie entre elles. Sa force avait grandement diminué. Chaque minute, il avait l'impression de peser de plus en plus lourd, de marcher de plus en plus lentement. Pas une seule oasis en vue, rien que du sable et de la roche. Il était dans l'élite du gouvernement, certes. Il était un pilote hors pair, et un foutu Despranòn. Et pourtant, là, en plein milieu du désert, il ressemblait surtout à un cadavre ambulant. Le vent et le sable avaient usé et élimé ses habits d'ordinaire si soignés, et ils étaient couverts de terre. Limite, à part le chapeau, il se fondait superbement dans le décor alentour. Et si ça continuait ainsi, il se fondrait tellement bien dans le décor qu'il y resterait encore un bon bout de temps.

Un changement imprévu se fit percevoir vers le milieu de la sixième journée. D'ordinaire, Tarek ne respirait pas trop, pour éviter de se fatiguer, et plus généralement à cause de l'odeur qu'il dégageait. C'était une foutue infection, et le simple fait d'inspirer pouvait être désagréable. Par contre, au bout d'un moment, il sentit l'air changer. Ce n'était pas radical, mais il avait un autre... goût. Un peu plus salé. Les bourrasques étaient un peu plus humides. Elles restaient irritantes et pleines de sable, mais la sensation sur le visage de Tarek n'était pas tout à fait la même.
Il reprit espoir. Ce genre de vent, cet air inhabituel... il se rapprochait de la côte. Et ça, c'était bon signe. Signe que Dashtikazar, selon ses dossiers, n'était plus très loin. Il devait lui rester quoi, selon ses estimations, et en admettant que son cerveau fonctionne encore normalement... Une journée, peut être moins, de marche. Et il arriverait à la cité. Du moins l'espérait-il. Les minutes seules devenaient de plus en plus longues et ardues, et il avait du mal à se projeter dans plusieurs dizaines d'heures, soit plusieurs dizaines de milliers de ces mêmes minutes. Bref, de quoi le décourager, si l'air changeant ne lui avait pas fourni un nouveau souffle de vie. Il y était presque. En se motivant, il pouvait y arriver. Il trouverait bien un médecin en ville pour le désintoxiquer, ou pour panser réellement ses blessures. Il espérait, en tout cas. Ceci étant dit, il s'était peut-être complètement planté de chemin et allait déboucher à des dizaines de kilomètres de la péninsule de Dashtikazar. A ce compte là, il ne tiendrait pas plus d'une journée. Donc il se forçait à faire confiance à son sens de l'orientation, découlant directement de son entraînement drastique au pilotage à grande vitesse. Il eut une brève pensée pour son fidèle chasseur, et se dit qu'il fallait qu'il passe commande à la Division Mécanique pour en avoir un qui supportait sa magie et qui pouvait fort bien s'y combiner. Le pilotage nocturne l'excitait, et une fois qu'il aurait recouvré sa puissance, il adorerait combiner l'Umbrae Symbiosis avec le vaisseau lui-même.

Sur la fin de la journée, par contre, quelque chose lui rendit le moral de façon considérable. L'horizon n'était plus régulier. Et cette fois ça n'étaient pas des montagnes ou des collines rocheuses comme il avait pu en croiser. Non, les reliefs étaient trop réguliers pour ça. C'était bel et bien la ville qu'il attendait depuis presque une semaine. Dashtikazar, cité recluse abritant criminels, hommes du désert, qui vivaient en quasi autarcie. Beaucoup d'anciens prisonniers, d'évadés des centres pénitenciers, ou d'hommes voulant tout simplement se cacher des autorités allaient ici. C'était pas une ville où la vie était confortable, car le manque de technologie était flagrant, même si quelques progrès étaient à noter. Mais ils avaient la chance de pouvoir vivre comme ils le voulaient. Certains habitants parmi les plus riche de la ville, les Travels, possédaient de vieux vaisseaux de transports, et effectuaient des transits clandestins de marchandise, d'hommes, pour les livrer ou au contraire les acheminer vers Dashtikazar. La zone magnétique entourant la ville empêchait tous les vaisseaux qui n'étaient pas spécialement équipés par les mécanos du coin de voler sainement autour de la zone, et les rares fois où des gouvernementaux s'y étaient essayés, leurs vaisseaux avaient fini écrasés et réduits en bouillie sur les éperons rocheux qui saillaient tout autour des remparts sablonneux de la ville. Du coup certains mécaniciens avaient développé un système électronique qui permettait, en activant un bouclier polarisé de la bonne façon, d'éviter les turbulences autrement inévitables.

Cette vision remplit le coeur de Tarek de bonne humeur. Plus qu'une journée de marche et il y serait. Cependant, ça devrait attendre le lendemain. La faim lui taraudait à nouveau l'estomac, et ses jambes peinaient à s'espacer de plus de vingt centimètres. Le vent devenait de plus en plus brutal, de plus en plus violent. Sachant qu'il était forcément sur la péninsule, entouré d'eau, les souffles d'air n'avaient jamais la même direction, changeaient de sens et de température sans discontinuer, à tel point que rester là à subir ces rafales rendrait fou n'importe quel homme. Le sable se levait avec la brise, et s'agitait dans tous les sens, s'engouffrant dans la bouche et le nez de Tarek, ses yeux n'étant épargnés que grâce à ses verres orangés, tendant vers le marron vu la crasse qui s'était accumulée dessus. Avisant donc un éperon rocheux suffisamment bancal pour lui offrir un abri substantiel contre le vent, il partit s'y abriter, jugeant qu'il récupérerait suffisamment de forces pour atteindre la ville le lendemain.

Il posa son manteau dégoulinant de sang et autres substances au sol, et le regarda d'un air dépité. Oui, il allait encore devoir se nourrir dans cette horreur cadavérique. Il plongea la main dans l'amas de tissu, dégoûté, et en sortit un morceau rosâtre, parsemé çà et là de petites tâches verdêtres. Il n'aurait même pas été étonné de trouver des asticots grouillants et dévorant la viande morte petit à petit. La première bouchée lui fit l'effet d'un coup de fouet. Il se retourna immédiatement, cracha le morceau, et se fourra les doigts dans la bouche, laissant sortir quantité non négligeable de morceaux immondes à l'odeur fétide, pourrie, qui avaient constitué son repas du midi. De la bile venait s'ajouter à tout ça, créant un relent pestilentiel à vous faire cracher votre coeur. Mais il ne pouvait pas se permettre de jouer la fine bouche. S'il voulait pouvoir être capable de marcher la journée suivante, il lui fallait bien quelque chose dans l'estomac, aussi infect que cela puisse être.

Et c'est ce qu'il fit, à contrecoeur, ravalant ses remontées acides et biliaires, absorbant petit à petit la nourriture mortuaire. Il devait se retenir à chaque instant pour ne pas tout renvoyer par dessus bord, tant l'infection gustative et olfactive était énorme. A tous les coups d'ailleurs, il était malade comme un chien. S'il avait eu un miroir devant les yeux, vu sa tronche depuis deux ou trois jours, c'était certainement le cas. D'un coup, l'espoir et la joie ressenties en apercevant au loin les remparts et les toits plats de Dashtikazar fut remplacée par un sentiment de peur. Il devait atteindre cette foutue ville au plus vite ,et prendre autant de médocs que son corps pouvait en supporter. Il ne serait pas surpris en se rendant compte que son sang serait vert ou violet, ou de n'importe quelle couleur prouvant qu'il y avait un GROS problème. Mais la détermination d'arriver en vie là bas était plus forte que son dégoût. Aussi, après une heure de lutte acharnée avec ce morceau dégoûtant, il s'adossa au mur tordu qui constituait son abri pour la nuit, et attendit que l'épuisement fasse son oeuvre et que Morphée le prenne en pitié. Il frissonnait, tant à cause du froid qu'à cause de ce qu'il venait de manger. La faute à ces enfoirés de pilotes qui avaient débarqué dans son bureau PILE quand il s'arrachait. Dire qu'à quelques minutes près, il aurait pu partir tranquille et s'éviter nombre de problèmes.

Lorsqu'il se réveilla le lendemain, frappé par les rayons d'un astre brûlant et impitoyable, il eut l'impression d'avoir vieilli d'encore dix ans. Alors qu'il n'en avait que trente-huit. Tout ceci venait du fait que l'épuisement, malgré ses nuits de sommeil, le taraudait sans cesse, et mettait ses forces à bout. A vrai dire, il était sacrément atteint par la maladie. Il transportait toujours son manteau, et l'odeur qui s'en dégageait était si infecte, qu'elle causait des nausées de plus en plus violentes, bien qu'il eut l'impression de s'y être quelque peu habitué. Mais ces nausées le vidaient de son énergie, tout comme le soleil qui sans relâche, martelait son crâne, maigrement protégé par son chapeau. Il ne voyait presque plus avec ses lunettes, et à peine mieux sans. Son champ de vision périphérique était réduit de moitié, et sa focalisation oculaire restait fixée sur le seul point qui à ses yeux injectés de sang, valait la peine d'être regardé. Ces toits, ces remparts, ces effluves de fumée, de poussière, qui annonçaient une civilisation proche. Dashtikazar. Il devait être à quelques kilomètres seulement, et il avait pourtant l'impression de devoir traverser tout un continent pour y accéder. Plus il avançait, plus sa vue diminuait. Par quelques fois déjà, il avait senti sa conscience vasciller, sa vision passant brièvement au noir, avant de se rallumer d'un coup, comme un lag informatique. Il ne tiendrait pas debout longtemps, il le savait. Et ça lui collait les jetons. L'espoir et la joie avaient été balayés la veille, et tout ce qu'il restait désormais, c'est la rage d'arriver à son but, la peur de ne pas y arriver, et le désespoir en voyant que la ville du désert était si loin. Il n'avait plus rien du Despranòn mesquin et fier qu'il était lors de ses jours au Panthéon. Juste un humain misérable qui cherchait à tout prix une échappatoire à ce désert qui le dégoûtait, le mettait en colère, et le terrifiait.

Le souci, c'était que son corps ne tenait plus du tout le coup. Il s'en rendit compte un tantinet trop tard. Malgré les avertissement, comme ses pertes de vision, les flanchements de ses genoux, son boîtillement qui devenait plus intense à chaque heure passée à marcher, il avait voulu poursuivre à tout prix. Il aurait pourtant pu se débrouiller pour faire flamber son manteau, ou faire suffisamment de poussière pour alerter les gardes qui faisaient leurs rondes routinières sur les remparts de Dashtikazar. Mais sa conscience était bien trop entamée par la folie et l'énergie du désespoir à ce moment pour qu'il ait l'idée de le faire. Il ne réfléchissait plus ,toutes ses pensées étaient dirigées vers un seul objectif, à savoir foutre un putain de pied l'un devant l'autre. Ca et rien d'autre. Son manteau dégueulasse et dégoulinant ne pesait même plus sur ses épaules, qu'il ne sentait qu'à peine. Déjà aveugle ou presque, il continuait droit devant lui, ne sachant même pas s'il déviait ou non de sa trajectoire. Aucun mirage ne vint se mettre en travers de sa route, vu que de toute façon l'attente et l'espoir de trouver à manger et à boire l'avaient quitté quelques jours plus tôt. Autrement dit, il n'était plus qu'un automate qui fonctionnait à bas régime, avec un pauvre fond d'essence comme carburant. Sauf qu'à ce moment précis, le moteur tomba à plat. Plus la moindre goutte de carburant, et son corps venait de lâcher.

Un vrombissement de moteur, une vibration sur le sol, et après, black hole.


[PS : Fin du RP dans la partie Mala Muerte, qui correspond au désert, je rééditerai pour indiquer la suite, mais ce topic là est bouclé !]
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