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 Vacarme Silencieux [original, en cours]

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Andreas Alexandersson

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MessageSujet: Vacarme Silencieux [original, en cours]   Vacarme Silencieux [original, en cours] I_icon_minitimeLun 3 Mai - 18:52

Il est de ces êtres vils et méchants, qui le sont par folie, dont le cœur est depuis longtemps en souffrance pour une raison ou une autre. Il en est de ceux qui décident de se venger du monde suite à une trahison de bac à sables, un vol de sucette ou de nounours. Il en est de ceux qui ne font ça que par jeu et par amusement.
Mais il n’était pas fou. Il n’était pas rancunier. Il n’était pas amusé.
Il haïssait le monde, comme si la vie, les hommes, la Terre, le Soleil et les étoiles n’étaient pour lui que maux de têtes, urticaires et démangeaisons. Il ne jouait pas, il était très logique dans son raisonnement et n’avait aucune raison particulière d’en vouloir à ces gens, à ce monde. Personne ne pouvait expliquer sa maladie, lui le premier.
Alors, quand il marchait dans la rue, faisant route entre deux immeubles d’affaires, le trottoir bondé de corps grouillants, joyeux et bavards, lui arborait une expression neutre, au mieux, désintéressée, au pire, franchement agacée. Et le mal de tête revenait.

Nan mais tu comprends elle se prend pour qui celle-là c’est vrai vous êtes très belle mademoiselle si je peux me permettre enfin j’dis ça j’dis rien t’as vu le dernier Farrell il est pas très chouette et ta coupe de cheveux t’as trouvé où ce bouquin j’veux le même ah mais je te le prête si tu veux nan mais ça ira hé vous avez pas une cigarette allez juste une et là tu vois elle me dit ouais je vois trop le genre quoi faudrait la

Ta gueule.
Vos gueules.

Il ne rêvait que d’une forêt enneigée, où il aurait vécu solitaire, sans le bruit des voitures, des églises, des gares ou des voix des humains. Quitte à se demander ce qu’il faisait là, autant le faire dans le silence mortel d’une clairière où le mètre de neige étouffe les sons, absorbe l’écho, ne reflète que le calme. Un endroit entier, mais vide, où la succession du jour et de la nuit n’était plus si évidente. Où le lever et le coucher d’un soleil était miracle, où le ciel prenait des couleurs improbables. Un endroit dont on ne pouvait jamais être blasé, où la routine ne pouvait pas prendre racine, et où sa haine n’aurait plus d’objet.

Paysages lointains pour l’homme qu’il était. Part Dieu Saint Charles Midi Flandres Montparnasse Matabiau Saint Jean. Oberkampf Robespierre Saint Sulpice Les Gobelins Nation République Châtelet.
Enfermé dans une rame, emporté par la foule, voyant sans cesse les mêmes décors, si décor il y a, il suffoque. L’air lui manque, il tousse, s’étrangle, crache du sang et s’évanouit. De ce qu’il ne veut pas voir, il ne voit plus rien. De ce qu’il ne veut pas entendre, il n’entend plus rien. Il revient à l’état originel, une chose insignifiante dans un monde insignifiant, où il n’y a que lui.

…ppé belle vous savez encore un peu et on le perdait ah la la le pauvre petit le pauvre à son âge vous vous rendez compte le pauvre plus jamais je ne le laisserais prendre le train tout seul faut pas exagérer non plus il y a un traitement non oui mais la maladie est incurable elle est là et elle y restera

Elle est là. La maladie. Elle est revenue.

Merde. Je suis pas mort.

Il ouvrit les yeux, les referma aussitôt. Voir tous ces gens, même de sa famille – surtout ceux de sa famille – c’était trop dur pour lui. Trop insupportable. Il appuya sur le bouton d’appel d’une infirmière, simula des convulsions et parla.

Je veux plus de visites.

Peu importe l’air interloqué de la jeune femme, peu importe aussi son incompréhension face à la froideur de l’homme qu’il était. Elle demanda s’il était sûr. Il lui répondit qu’il ne parlait jamais pour rien.

Contrairement à 95% des humains.
Suis-je même humain ? C’est quoi, être humain ? Qu’est-ce qui nous différencie de l’animal ?

Et il se rendormit.
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Andreas Alexandersson

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MessageSujet: Re: Vacarme Silencieux [original, en cours]   Vacarme Silencieux [original, en cours] I_icon_minitimeLun 3 Mai - 18:52

Il est de ces gens naïfs et joyeux qui n’ont pas besoin d’une raison pour l’être. Ils respirent la bonne humeur et l’optimisme à vous en noyer sous leurs effluves positives. Ils ont sans cesse un sourire sur le visage. Un sourire pour un ami, un proche, un inconnu, un passant, une étoile, une fleur… Un sourire pour eux-mêmes. Ils ne s’en amusent pas, ils n’en jouent pas, ils ont le cœur trop pur pour songer à utiliser leur sourire salvateur.
Il était l’un d’entre eux, souriant à tout et à tout le monde : à la charmante demoiselle en face de lui, au panneau publicitaire, à la porte du métro qui s’ouvrait et se refermait près de lui.
La jeune femme lui rendit son sourire, comme envoûtée par son aura aveuglante. En le regardant, on savait que le monde allait bien, que le soleil brillait, que les oiseaux chantaient et que l’amour existait. Il la quitta pourtant, une fois arrivé à son arrêt, la gratifiant d’un dernier sourire radieux. Sa silhouette s’effaça, et le monde semblait éteint. Elle releva la tête, effarée, avant de quitter la rame à la prochaine station : elle avait oublié de changer de ligne.

Dans la rue grouillante à l’humeur maussade, coincée sous une chape de plomb, il souriait. Parfois imperceptiblement, parfois de manière très franche. Sous ses pas s’illuminait la rue, la vie reprenait, comme si sa présence faisait fuir le gris du quotidien parisien.
Mais il ne marchait pas au hasard. Cet homme au sourire insolent et à l’attitude résolument positive se dirigeait d’un pas guilleret vers l’hôpital le plus proche. Il salua l’hôtesse d’accueil, toujours aussi joyeux, et prit l’ascenseur jusqu’au troisième étage.

Quel dommage, vraiment… Un beau jeune homme comme lui… Pauvre garçon.

Il entra dans la chambre, et s’assit sur la chaise, en déposant son manteau sur le côté. Il décrocha un sourire éclatant à l’autre occupant de la pièce, et se tourna enfin vers la personne qu’il était venu voir.

Bonjour mon cœur ! Ca va ?

Non, ça n’allait pas, mais elle n’eut pas le courage de le lui dire. Elle était désarmée face à un tel sourire, un sourire cruel qui lui redonnait espoir quand elle s’acharnait à ne plus se faire d’illusions. Sa maladie était incurable, et empirait de jour en jour. Elle lui rendit son sourire, bien que plus léger et plus triste, et serra sa main.

Ca va mieux.

Elle toussa, et de petites taches rouges vinrent maculer sa main droite. Il les essuya sans perdre son sourire, avant de poser une main sur le front de celle qu’il aimait, écartant quelques mèches de cheveux qui lui collaient à la peau. Soulagée qu’il soit là, elle ferma les yeux, et s’endormit.

Il veilla toute la journée, s’assoupit même, avant d’être réveillé par un long bruit strident. Il ouvrit les yeux, juste à temps pour voir les infirmiers débarquer et l’écarter doucement mais fermement. La main qu’il tenait fut emportée loin de lui, mais il savait qu’on s’occuperait bien d’elle. Il se releva, et suivit le cortège, jusqu’à ce qu’on lui dise qu’il ne pouvait pas aller plus loin.

Il s’assit alors, souriant doucement, ayant placé toute sa confiance en l’équipe médicale de l’hôpital. Les minutes semblèrent des heures, mais il ne perdait pas son sourire, même face au personnel qui ne savait trop comment agir avec lui. Finalement, après une petite demi-heure, un médecin s’avança vers lui, et lui annonça sobrement que sa femme était morte.

Il avait levé la tête, sans se départir de son sourire étrange, et accepta la nouvelle sans poser de question. Ses larmes n’étaient que deux sillons sur ses joues, qu’il ne remarqua même pas tout de suite. Il les essuya rapidement, comme s’il en avait honte.

Je suis désolé monsieur.
Non… On le savait depuis longtemps… Je vais prévenir nos proches.

C’est tout.
Il repartit dans la chambre de feu sa femme pour récupérer ses affaires, et croisa par inadvertance le regard de l’autre patient. Cela ne dura que quelques secondes, mais ce fut assez pour l’entendre parler, de sa voix enrouée à force de ne pas servir.
Vous n’êtes pas obligé de sourire si vous n’en avez pas envie.

Et le jeune homme fondit en larmes.
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MessageSujet: Re: Vacarme Silencieux [original, en cours]   Vacarme Silencieux [original, en cours] I_icon_minitimeLun 3 Mai - 18:53

Lukas. Et toi ?
Lawrence.
C’est un beau prénom !

Il souriait encore et toujours, agaçant de plus en plus Lawrence, qui pourtant, ne pouvait se résoudre à l’en empêcher. Lukas avait un beau visage, de ce que l’on a envie de briser et de souiller, histoire de voir à quoi pouvait ressembler le désespoir quand il était posé sur une si jolie toile.
Lawrence ne répondit rien, et Lukas sentit qu’il avait sûrement – et encore – fait une bourde. Il s’en sentait d’autant plus gêné que Lawrence avait fait le déplacement jusqu’ici, au cimetière, pour voir l’enterrement d’une femme qu’il avait à peine connu. Apparemment, son état de santé s’améliorait, pour qu’on ait pu le laisser sortir si vite.
Oui, Lukas était présent quand Lawrence avait été admis à l’hôpital, suite à sa crise. Il l’avait vu arriver, paisiblement endormi sur son brancard, et comme par réflexe, il lui avait sourit. Lawrence n’avait pas eu besoin de le voir pour le ressentir.

T’habites ici ?
Oui ! En fait, mes parents habitent aussi dans la rue, et ma sœur n’est pas loin non plus… C’est pratique.
C’est naze.

La réplique de l’adolescent fit l’effet d’une douche froide à Lukas, qui perdit son sourire pendant quelques secondes. Ce petit avait son caractère, mais il pouvait le comprendre. Tout le monde n’était pas aussi proche de sa famille que le ‘petit Soleil’ Lukas.

Tu ne t’entends pas avec ta famille ?

La question semblait légitime. Lukas espérait juste que Lawrence n’en serait pas offensé.

Je ne m’entends avec personne : pourquoi eux plus que d’autres ?
Tu habites encore chez eux ?
Ouais. Pas le choix.
C’est où ?
Pas loin. A deux stations d’ici.

Lukas sourit, mais ne répondit rien. Il laissa repartir le jeune garçon chez lui, et se défit de ses habits d’une morne noirceur. Seul chez lui, pour la première fois depuis… depuis…
Avait-il jamais été seul ? Même une seule nuit ?

Il sentait le silence lui boucher les oreilles, l’oppresser et lui comprimer la poitrine. Il avait crié, mais ça n’avait rien changé : personne ne lui répondait. Son sourire s’était transformé en un rictus de peur, avant de finalement mourir et se muer en une crise d’angoisse comme il n’en avait jamais eu. Il priait pour quelqu’un vienne. N’importe qui… le coursier de la pizzeria, le facteur, le dernier serial killer de série TV à la mode, le pape lui-même… Il s’en foutait, il voulait juste sentir quelqu’un près de lui… Quelqu’un qui confirmerait que oui… il existait bel et bien.

Prostré sur le sol, il céda à la panique, tremblant et sanglotant. Il n’eut même pas la force de se relever pour aller s’avachir dans son lit quand enfin vint le sommeil.
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MessageSujet: Re: Vacarme Silencieux [original, en cours]   Vacarme Silencieux [original, en cours] I_icon_minitimeLun 3 Mai - 18:54

Lukas errait dans les rues. Les indices étaient trop maigres, trop minces. ‘Deux stations’… C’est tout. Tournant la tête à droite et à gauche, frénétiquement, croisant le regard méfiant de certains passants, il continuait de sourire. Mais on lui renvoyait plus son sourire. Quelque chose avait changé. Son aura n’était plus la même.
Les maisons étaient toutes les mêmes. Les gens étaient les mêmes, avec leurs regards tous fuyants et craintifs, et la même façon de s’écarter poliment sur son passage. Lukas semblait simplement en train de faire une balade, mais il était désemparé. Exténué moralement, il s’assit sur un banc, fixant sans vraiment le faire la maison d’en face. Elle ne semblait pas très grande, du moins était-elle étroite de façade. Ses vitres étaient ornées de beaux rideaux d’un vert tendre, sauf une seule, qui n’avait pas de rideaux. A la place, il y avait un garçon, le regard haineux et pourtant attendrissant. Il regardait Lukas.

Lawrence… ?

Le garçon disparut.

Lukas rentra chez lui ce soir-là, toujours aussi seul. Mais il avait une idée. Folle, improbable et surtout dangereuse, mais il avait une idée. Et ça l’aida à dormir cette nuit.

J’ai sûrement rêvé…

Il était impossible que l’homme qu’il ait vu en bas de sa fenêtre soit effectivement Lukas, non ? Il ne lui avait même jamais donné son adresse, et avait toujours fait en sorte de rester évasif. La seule chose que Lukas savait de Lawrence, c’était son prénom et la station la plus proche de sa maison. Ca avait suffit pour qu’il le retrouve si facilement ?

… ou alors le sort s’acharne…

Lawrence n’avait pas spécialement envie de revoir Lukas. Pourquoi lui plus qu’un autre ? Il n’était qu’un imbécile qui se pensait adulte simplement parce qu’il avait été marié. Il se voilait la face sur le monde et sur les gens, le tout à grands renforts de sourires niais et stupides. Ce genre de gens étaient ceux que Lawrence détestait le plus. Mentir c’est déjà moyen mais se mentir à soi-même était encore plus pitoyable. Tout ce que Lukas méritait, c’est une bonne paire de gifles.

Enervé, pas forcément plus que d’habitude cela dit, Lawrence s’étala sur son lit, et commença à lire la série de manga qu’il avait choisi pour passer la nuit. Il ne dormait pas, même en s’abrutissant le cerveau de lecture. Preuve en était sa chambre, qui ressemblait plus à une bibliothèque qu’à un lieu de repos.

C’est au bout du neuvième ou dixième tome de tué que son réveil sonna. Il avait cours aujourd’hui, mais en profiterait sûrement pour continuer sa lecture. Lawrence était sûrement trop désespérant : les ados de son âge ne le remarquaient que quand il avait une quinte de toux devant eux, et les professeurs avaient depuis longtemps abandonné l’idée d’enseigner quoi que ce soit au petit misanthrope. C’est en plein cours de philo qu’il referma le treizième tome de sa série, sûrement le plus beau et le plus émouvant, avant de s’endormir, et de rêver à ce qu’il lisait.

Meurtres et viols. Sang et sperme mêlés. L’impuissance et la frustration, face à la revanche triomphante de celui qui réussit à atteindre ses objectifs.

Ah ! Si seulement lui aussi avait la patience de manipuler ces gens qu’il haïssait… !
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MessageSujet: Re: Vacarme Silencieux [original, en cours]   Vacarme Silencieux [original, en cours] I_icon_minitimeLun 3 Mai - 18:55

La sortie du lycée. La foule de jeunes était dense, mais au milieu d’eux, Lawrence était tout à fait reconnaissable. Son allure, sa dégaine et son rythme étaient différents. Hors normes. La partition qu’il jouait au milieu de l’orchestre de la foule était trop originale et mélodieuse pour ne pas être entendue. Surtout par les oreilles expertes de Lukas.
Imperceptiblement, il s’approcha du garçon.

19h, ce soir au stade. Je t’attendrai dans les gradins.

Et il s’en fut comme il était venu, un sourire aux lèvres. Ce sempiternel sourire auquel Lawrence n’avait ni l’envie ni la capacité de répondre. Etonné mais ne le montrant pas, le lycéen reprit le cours normal de sa marche, s’enfonçant dans les ruelles, raccourci jusque chez lui.
Il restait perplexe quant à cette initiative de Lukas : non mais franchement, que pouvait bien lui vouloir un niais pareil ? Niais plutôt sérieux aujourd’hui d’ailleurs… C’en était presque… effrayant.
Lawrence regarda à tour de rôle sa console et son ordinateur portable, incapable de choisir entre les deux. S’il se laissait prendre par le jeu… il ne verrait pas l’heure passer. Et il y avait dix bonnes minutes d’ici au stade…

Merde, mais à quoi je pense moi ?

Peut-être était-il simplement… curieux ? Ouais, curieux. Cette raison suffit amplement au cerveau de Lawrence pour accepter d’aller voir un quasi-inconnu dans un endroit où il pourrait sans doute lui faire les pires atrocités, sans être vu. C’est pas parce qu’il sourit tout le temps qu’il est forcément gentil non ? Hannibal Lecter aussi sait sourire, cet enfoiré. Mais bizarrement, Lawrence n’avait absolument pas peur. Pas comme s’il savait qu’il pourrait maîtriser l’homme – ce dont il était incapable bien évidemment – mais plutôt comme s’il n’en avait strictement rien à foutre de ce qui pourrait bien lui arriver. Finir violé ? Torturé ? Mourir ? Bah ! Tant mieux. Au moins, ça lui donnerait une raison de haïr le monde.

Lawrence empoigna un manga, qu’il ouvrit et dévora sur place. Lassé de la série qui avait atteint son point culminant en philosophie, il avait choisi un oneshot, qu’il relisait encore et encore sans jamais s’en lasser. C’est que les cadavres étaient rudement bien dessinés dans celui-là…

18h40. Il fit un tour par la case salle de bains, rapidement, avant de descendre et de s’habiller. Il glissa son portefeuille, avec ses papiers, dans la poche de son manteau, se disant qu’au moins, s’il mourrait, on l’identifierait plus vite. Et sans un mot, il quitta la maison.

Lukas était déjà là, mais s’étonna de voir arriver le lycéen en avance d’une bonne dizaine de minutes. Il lui sourit tout à fait naturellement, et le laissa venir le rejoindre : tous deux s’assirent dans les gradins, regardant distraitement l’entraînement de football sous leurs yeux.

T’as une carte d’identité ?
Oui.

Lukas semblait avoir du mal à exprimer le fond de sa pensée, et son sourire soulagé et radieux intriguait Lawrence. Ce dernier se força alors à parler :

Pourquoi ? Tu comptes partir ?
Je crois…
Et ta famille ?

Bam ! Lukas sentit la remarque venir percer son cœur, mais garda son sourire. Oui… sa famille hein… ?

Je n’ai vu personne depuis une bonne semaine.
Et alors ?
Je les voyais tous les jours.
Et ?
J’allais toujours chez eux. Personne n’est venu chez moi.

Le sourire de Lukas se teinta d’une lueur de tristesse, que même Lawrence avec son peu d’empathie put ressentir. Cet imbécile ne savait décidément pas être seul… Il lui fallait toujours quelqu’un avec lui ou quoi ? Comme un chien sans son maître… Pitoyable.

Et du coup tu veux fuguer.

Lukas hocha la tête.

Avec moi.

Il la hocha encore une fois, un nouveau sourire sur les lèvres.

T’es taré.
Sûrement.
Tu veux aller où ?
Je sais pas. Tu veux aller où toi ?
Je sais pas.

Lukas éclata de rire. Un rire doux et sincère, qui fit s’arquer un de délicats sourcils de Lawrence. La situation était vraiment ridicule. Dans leur fuite en avant, ils n’avaient aucune idée de l’endroit où ils allaient finalement échouer. Bah, ça rajouterait du suspens et du piment à l’aventure, non ?

Lawrence… Tu veux venir avec moi ?
On part quand ?

La question surprit Lukas de pragmatisme. Alors, il était d’accord ? Puisqu’il commençait même à demander des choses pratiques… L’homme fut un temps muet, avant finalement de répondre :

Dès que tu peux.
Demain, dans la nuit. Trois heures du matin ça te va ?

Lukas lui répondit par un autre sourire.
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MessageSujet: Re: Vacarme Silencieux [original, en cours]   Vacarme Silencieux [original, en cours] I_icon_minitimeLun 3 Mai - 18:56

Lawrence était en avance. Il avait préparé son sac, ni trop lourd ni trop encombrant, mais assez grand tout de même, pour emporter avec lui ses mangas préférés et son pc. Oui, ses parents ne pourraient pas du tout croire à une disparition mais il s’en foutait. Le temps qu’ils s’en aperçoivent, Lawrence serait déjà loin, très loin. Rien que d’y penser… il se sentait voler.

Lukas arriva pile à l’heure. Il conduisait une A6 d’une dizaine d’années, qu’il n’avait pas vraiment surchargée. Surcharger avec quoi, de toute façon ? Il ne s’était pas attaché à ce qui peuplait son appartement, qu’il s’agisse de meubles, de bibelots ou d’appareils électroniques. Il avait tout laissé en plan chez lui, même son téléphone portable. Il avait seulement été vidé et clôturer son compte en banque, il y a déjà quelques jours, comme s’il n’imaginait pas Lawrence refuser son offre. Ou peut-être était-il décidé à partir à ce point ? Quant à son travail… il n’en avait pas. Il n’en avait plus. Sa famille mettrait sûrement plusieurs jours, voir plusieurs mois avant de se rendre compte qu’il n’était plus dans le secteur. Bien fait pour eux.

Les deux fuyards, sans un mot, chargèrent le sac de Lawrence dans le coffre, s’installèrent à l’avant, et regardèrent le paysage défiler.

Immeubles grattant le ciel de leurs serres. Barres aux milliers d’yeux. Champs aux cheveux de peupliers. Forêts sombres et mécaniques au garde-à-vous.

Lukas, mains crispées sur le volant, demanda enfin à Lawrence.

On va où alors ?
Je sais pas. Pourquoi vers le Nord ?
J’en sais rien. J’y ai jamais mis les pieds, je me demande à quoi ça ressemble.
A cinq heures du mat’ ? Ca ressemble à rien. Comme tout le reste.

Lukas pouffa, de façon assez sincère pour générer un très léger sourire sur le visage placide de Lawrence. Evanescent, ce sourire fit place à une moue un peu plus capricieuse.

Je veux voir la mer.
Tu l’as jamais vue ?

Lawrence secoua la tête, faisant germer une petite idée dans la tête de Lukas. A l’heure où la ville se réveillait à peine, il entra dans la métropole, se gara dans une rue qu’il imaginait animée dans la journée, et en sortit. Lawrence fit de même, perplexe sans pour autant le montrer.

L’horloge du Théâtre du Nord de Lille affichait 05h48.

Allons à la gare.

Lawrence hocha la tête, et suivit Lukas, qui pourtant, ne savait pas vraiment où il allait non plus. Il ne tarda pas à trouver le bâtiment, imposant, gardant le bout de la rue, car par chance, il ne s’était pas garé trop loin. Autour d’un café et du GPS, il reprit la discussion :

Tu sais très bien que je ne sais pas trop où je vais, hein ?

Et comme toi non plus tu connais pas bien…

Lawrence secoua la tête.

Ok. Je reviens.

Lukas laissa Lawrence seul à la table. Le lycéen paniqua. Il avait pourtant l’habitude d’être seul, mais là dans une gare… il avait peur d’être assailli par la foule, reconnu par quelqu’un, n’importe qui, et forcé de retourner chez lui. Il se sentait seul, vulnérable, et il détestait ça. C’était bien la première fois tiens !

Heureusement, Lukas revint rapidement, tenant un petit bouquin sur les Flandres avec lui.

Je sais où on va !
Où ?

Lukas prit une gorgée de son café serré et annonça avec un sourire radieux :

Ostende.
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MessageSujet: Re: Vacarme Silencieux [original, en cours]   Vacarme Silencieux [original, en cours] I_icon_minitimeLun 3 Mai - 18:56

La ville était sinistrement banale aux yeux blasés de Lawrence. Il avait abandonné l’idée de les poser à droite ou à gauche, se contentant de regarder droit devant lui, d’un air absent. Cette succession de bâtiments gris sur fond gris ne l’intéressait pas. La mer, que l’on devinait derrière, ne l’intéressait pas plus. Le visage inexpressif, Lawrence suivait Lukas, qui marchait d’un pas énergique devant lui.

Le jour s’était levé, et le soleil rayonnait chaleureusement sur la ville. Lukas souriait, comme à son habitude, et avait pris la tête alors que lui et Lawrence se promenaient. En arrivant, quelques minutes plus tôt, Lukas avait loué une chambre pour cette nuit, et ils avaient donc toute la journée devant eux pour flâner. Mais il ne fallait pas être devin pour s’apercevoir que la perspective de rester ici une journée entière n’enchantait guère Lawrence.

Tu veux qu’on continue à avancer ?
Pour aller où ?
Non mais je veux dire, qu’on reprenne la voiture pour…
Non. Repose-toi.

Lukas sourit doucement. Le garçon était en fait bien plus prévenant que ce qu’il aurait pu imaginer. Rester ici était sûrement pour lui aussi passionnant que de regarder un documentaire sur l’évolution de la poésie kirghiz au XIIe siècle, mais il se forçait, parce que pour Lukas, la nuit avait été bien courte. Sur son visage souriant, on devinait même quelques traces de cernes. Lawrence n’était pas assez ingrat pour traiter injustement le seul homme qui cherche réellement à le comprendre. Pas qu’il y arrive…

Tu veux aller à la plage ?
J’sais pas. Comme tu veux. J’m’en fous.
Je prends ça pour un oui.

Et encore une fois, le sourire de Lukas s’illuminait. Etonnant comme il pouvait s’éclairer rapidement, alors même que l’on n’avait pas vu sa lumière s’estomper. Comme un de ces escaliers impossibles, dessins jouant sur la perspective, que Lawrence collectionnait étant petit.

Ils allèrent manger dans un restaurant près de la mer, la regardant à travers les vitres. Elle semblait encore plus lointaine encore, filtrée par l’air froid et humide et le verre sale et abîmé.

Je la pensais plus jolie.
Hein ?

Lawrence avait parlé le premier, pour une fois, ce qui surprit Lukas, qui se tourna vers lui l’air perplexe. C’est seulement quelques secondes plus tard qu’il comprit la phrase de Lawrence, qui n’avait pris la peine de répéter. Il ne parlait déjà pas beaucoup, alors ce n’était pas pour devoir le faire plusieurs fois pour rien…

La Mer du Nord n’est pas très jolie, non, mais comme on allait par là j’ai pensé que…
Elle a l’air triste.
Ah bon ?
Oui. Pour ça qu’elle reste en retrait.

Le mystère de l’esprit du jeune garçon s’épaississait pour Lukas. Il était encore plus difficile à comprendre quand il parlait que quand il restait silencieux ! Finalement, ce fut là les dernières paroles qu’ils s’échangèrent au cours du repas.


L’hôtel n’était pas loin de la mer. Lukas grimpa quelques sacs jusqu’à la chambre, que Lawrence avait ouvert en attendant. Il le trouva assis sur un des lits, le regard perdu sur le paysage affiché derrière les vitres. Il ne semblait pas penser à quelque chose en particulier.

Tu viens ?

Lawrence tourna la tête : la voix de Lukas l’avait sorti de sa torpeur, et il avait l’impression de voir la chambre d’hôtel d’un nouvel œil, désormais. Il hocha la tête, se changea, et tous deux sortirent se promener.

Le vent était violent, froid et humide, s’insinuant partout sous leurs vêtements pourtant chauds. La mer, d’une couleur indéfinissable, se tenait à l’écart, se confondant parfois avec le ciel gris d’où émanait une faible lumière. Sur l’esplanade, ils étaient très peu nombreux, ce qui rassurait Lawrence autant que cela inquiétait Lukas.

Ils s’assirent sur un banc, sans parler, regardant le paysage sans vraiment le voir, ne pensant à rien. Lawrence ne sentit pas la tête de Lukas contre son épaule, quand ce dernier s’endormit, bercé par le bruit du vent.
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MessageSujet: Re: Vacarme Silencieux [original, en cours]   Vacarme Silencieux [original, en cours] I_icon_minitimeLun 3 Mai - 19:34

Tu ne dors pas ?

Il était quatre heures du matin, et Lukas, entre deux rêves, avait ouvert les yeux, et constatait avec surprise que Lawrence jouait sur sa DS. Il haussa les épaules.

Je n’arrive pas à dormir. J’ai l’habitude. Rendors-toi.
C’est quoi comme jeu ?

Lukas ouvrit un peu plus grand les yeux, et se redressa sur son lit. Dans la pénombre de la chambre, seul le visage et les mains de Lawrence étaient éclairés de la lumière blafarde et aux couleurs changeante de la console. Il avait l’air d’un fantôme.

The World Ends With You.
Bizarre comme nom…
Je trouve pas.

Au tour de Lukas de hausser les épaules. ‘Le monde se termine avec toi’ hein ? Il ignorait de quoi retournait ce jeu, mais le nom lui évoquait les classiques de la tragédie amoureuse. Parce que si le monde s’arrête avec toi, ça veut dire que ce monde se limite à toi. Pensif et perplexe, il se rendormit avant même de s’en rendre compte.

Ils remirent en route dès le lendemain. Lawrence supportait mal cette ville, et Lukas n’était pas assez indélicat pour le laisser là. Alors ils reprirent leurs affaires, et quittèrent la ville.

Dans la voiture, un chant désincarné s’éleva soudain, au gré du random de l’iPod branché sur l’autoradio.

Te souviens-tu du pays des oiseaux,
Tu sais celui où il fait toujours beau ?
On dit qu’il n’existe plus.
On dit qu’il a disparu.
Les orages ont balayé la plage
Il ne reste plus qu’un pays sauvage…
Les yeux perdus au fond des marécages
J’ai retrouvé le reflet d’un visage.
Il avait quelque chose de toi
Mais il est mort, il est froid…*


Lentement, tristement, Lawrence chantait.

Anvers, Breda, Rotterdam, Amsterdam.

Amsterdam, ville qui, étrangement, avait toujours intrigué Lawrence. Elle représentait tout ce qu’il n’était pas permis de faire en France, pour lui. Amsterdam, et ses coffee shop. Amsterdam, et ses vitrines de putes. Amsterdam, et ses gens qui marchaient pieds nus. Amsterdam, et ses veines parcourues de bateaux-mouches.

J’aime cette ville.

Lukas arqua un sourcil.

Mais on n’y est pas encore…
Je sais.

Lawrence souriait doucement, alors que l’A6 se frayait un chemin dans les rues étroites, jusqu’à trouver enfin un endroit libre pour se garer. Il y avait un hôtel non loin, mais Lukas préférait plutôt louer une chambre dans le centre touristique et s’éloigner un peu de ce coin glauque où ils avaient atterri.

Lukas, tu l’as déjà fait avec une pro ?

La question surprit Lukas, qui faillit s’étouffer avec le kebab qu’il mangeait. Mais en levant les yeux vers Lawrence, il vit qu’il était tout à fait sérieux. Finalement, il secoua la tête.

J’ai pas les moyens.
Elles sont pas toutes très chères, non ?
Non, mais dans ce cas c’est aussi facile d’en avoir une gratuite. Il suffit de savoir s’y prendre…
Et si on sait pas ?
On fait comme moi.

Et il agita les doigts de la main droite en riant. Lawrence esquissa un sourire, et continua à manger distraitement. Lukas était plutôt étonné de le voir aussi enjoué, et aussi bavard. Bien sûr, pour qui ne connaissait pas Lawrence, cela pouvait paraître peu, voire même très peu, mais pour Lukas, c’était même plus que ce qu’il espérait. Vraiment, quelque chose en lui… en eux… avait changé.

* Pays Sauvage, Emily Loizeau
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Andreas Alexandersson

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MessageSujet: Re: Vacarme Silencieux [original, en cours]   Vacarme Silencieux [original, en cours] I_icon_minitimeSam 8 Mai - 12:20

[A partir d'Amsterdam, l'histoire se sépare en deux branches. Ce qui suit est la Mute Version.]

Lukas semblait de bonne humeur, enfin, plus que d’habitude. Lawrence en restait perplexe. Bien sûr, lui aussi était de relative bonne humeur, rien que parce qu’il allait enfin dans un endroit qui risquait de lui plaire. Pourquoi ? Il n’en savait rien, mais il ne tarderait pas à le découvrir.

Je vais faire un tour, tu viens ?
Nan. Pas envie.

Lukas haussa les épaules en souriant, et laissa donc l’adolescent dans la chambre d’hôtel. Il aurait de quoi s’occuper, se disait-il. Il n’avait vraiment pas tort, puisque Lawrence empoigna rapidement un tome d’un manga qu’il n’avait pas relu depuis longtemps. Un de ses préférés. Et il commença, étrangement, par le tome 6. Son préféré… L’esprit était parfois capable de coups tordus pour se protéger lui-même, jusqu’à confondre rêve et réalité… Etaient-ils d’ailleurs si différents ? Comment les définir, les différencier, quand on est persuadé que quelque chose est vrai, réel ? Après tout… ce qu’on peut voir, sentir et toucher n’est qu’une série de signaux électriques interprétés par notre cerveau. Morpheus was right.

La fumée blanche chatouillait le plafond, doucement, comme une danseuse orientale. Les volutes envoûtantes suffisaient à elles seules à vous hypnotiser, si ce n’est leur odeur enivrante, et leurs effets… plus physiques.

Putain… ça fait du bien…
T’en avais déjà fumé hein ?
Ouais. Mais c’était de la merde à côté de ça...
Moi c’est la première fois…

Lukas était un peu blanc, en effet, mais Lawrence ne s’inquiétait pas. D’ailleurs, même si c’était le cinquantième joint de l’autre dans la journée et à jeun, il ne se serait pas inquiété. Ce n’était pas dans son caractère, c’est tout. De toute façon, dans l’état dans lequel il était, il ne s’inquiétait plus de rien. Il regardait juste la danse des voiles de fumée dans la chambre dans laquelle ils s’étaient enfermés. Il sortit de sa torpeur en entendant Lukas rire, comme si on venait de lui raconter une bonne blague. Evidemment, personne n’avait parlé.

Qu’est-ce qui te fait rire ?
Rien !
T’es pathétique…
Je sais !!!

Et il se mettait à rire de plus belle, se moquant de lui, riant nerveusement pour évacuer ce qu’il n’arrivait pas à exprimer autrement. Les barrières cédaient, les unes après les autres, et son esprit se vidaient du passé qui le hantait. Il pouvait fuir aussi loin qu’il le voulait, accompagné ou non, son passé serait toujours là, avec lui, lui rappelant douloureusement des choses à propos desquelles il s’était toujours promis de penser avec le sourire. Ce sourire, qui désormais ne voulait plus rien dire. Avait-il déjà voulu dire quelque chose, d’ailleurs ? Ce sourire, transformé en un rictus, puis un rire nerveux, expiateur, curatif. Un rire que Lawrence lui-même n’osa déranger.

Finalement, ils s’endormirent ainsi, au beau milieu de l’après-midi, côte à côte dans le lit. Ils étaient partis pour oublier, mais ils avaient manifestement besoin d’une petite aide pour ça… Lukas avait songé, avant de sombrer dans les soieries de Morphée, qu’il faudrait en acheter un peu avant de repartir d’ici, direction…

Ah ! On s’en fout de la direction.
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