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 La poésie de la Kalash [June]

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Kylia Miyata

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MessageSujet: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeDim 12 Juin - 0:27

Il était encore tôt quand elle était arrivée à la gare. Le soleil n'était levé que depuis une heure à peine sur Modula, mais il y avait déjà beaucoup d'agitation dans les rues. Notamment des commerçants qui s'activaient pour ouvrir tôt. Il faisait bon, quoiqu'encore un peu frais. Ça la tiendrait au moins éveillée encore quelques temps. Elle était debout depuis quatre heures et demi du matin. Son patron lui avait téléphoné pour qu'elle vienne au stand pour six heures, et elle n'avait pas pu dire non. S'étant levée sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller son parrain, elle s'était habillée en quatrième vitesse et avait dû sortir sans que Gabriel, fidèle basset de garde, ne la suive en pensant que c'était sa promenade matinale. Elle aimait l'appartement dans ces heures sombres. Les lumières de la ville dessinaient des ombres chinoises sur les murs et le silence de la nuit était d'un agréable qu'elle ne trouvait en nul autre moment de la journée. Le calme de cathédrale du stand l'avait surprise. On n'entendait aucun bruit de l'extérieur, comme s'ils étaient les seuls êtres vivants au monde. Avec un sang-froid qui la déconcertait toujours, son employeur avait placé une à une les armes défectueuses dans la grande malle en métal sans même vérifier si elles étaient déchargées. Il lui expliquait en même temps sans vraiment regarder ce qu'il faisait qu'elle devait se rendre à Mala Muerte pour les amener à réparer dans un atelier dans lequel il avait toute sa confiance.

Mala Muerte. Telle était sa destination à six heures quarante-trois minutes. Son billet de train entre deux doigts, les autres serrés sur les poignées du diable, elle cherchait désespérément le quai. Après avoir longuement peiné dans une descente d'escalier, elle compris qu'il faudrait remonter plus loin et maudit encore une fois son patron. Il y avait peu de monde à cette heure et pour tout avouer elle n'était pas rassurée en voyant la tête des potentiels passagers de l'X-press de cette heure-là. L'intérieur de la gare était peut-être l'endroit le moins esthétique de tout Modula, et c'était peu dire. Du métal à perte de vue, de la rouille et des gravats pour combler les voies...Sans doute qu'à sa construction elle avait dû être le plus beau bâtiment du quartier, flambant neuve et immaculée au milieu de toute cette ferraille déjà usée. Elle ressemblait maintenant à un hall de gare abandonné où passait parfois quelques trains par le plus grand des hasards. A spet heures du matin, c'était encore pire. Le ciel gris et lourd de pollution n'avait pas encore l'aide des rayons du soleil pour avoir un semblant d'agréable. On aurait presque dit une gare de ville fantôme. Les silhouettes sur les quais avaient triste mine, prisonnière de la même fatigue et du même silence matinal que le reste de la ville.

Ce fut à son grand soulagement qu'elle arriva dans le train à temps. Il ne partait que quelques minutes plus tard, mais elle ne savait pas si ce serait suffisant pour trouver un endroit où mettre son encombrant bagage. Elle réfléchissait à comment le hisser sur le porte-bagage -qui était suffisamment solide selon un employé de la gare- quand elle vit passer la malle devant ses yeux, manquant au passage de lui heurter le menton. Sans qu'elle ne le demande, les deux mêmes mains puissantes fixèrent les lanières de sécurité et un regard dur se posa sur elle. Gênée, elle allait le remercier mais il ne lui laissa pas le loisir d'ouvrir la bouche qu'il lui disait déjà de s'asseoir parce que le train allait démarrer. A ses manières rudes, Kylia comprit qu'il ne valait mieux pas essayer de discuter. La jeune femme prit place sur son siège, son sac à dos entre ses pieds et l'épaule appuyée contre la vitre. Au plus le temps passait, au plus les places autour d'elle se remplissaient de personnes en lesquelles elle avait sûre de n'avoir aucune confiance si elle s'endormait. Son patron lui avait dit de se méfier dans le train car à cette heure partent les quelques fous qui veulent combattre dans l'arène de Mala Muerte, mais elle n'aurait jamais imaginé que ce serait à ce point. On lui fit bien une ou deux petites blagues, mais ils la délaissèrent vite pour s'occuper d'autres choses.

Sans qu'elle ne puisse faire autrement, ses yeux se fermèrent et elle sombra dans un sommeil lourd. Seuls les virages ou autres variations la faisaient de temps à autres émerger avant qu'elle ne soit replongée dans le noir complet. Une grande main secoua un peu rudement son épaule. Ses paupières mirent du temps à rester ouvertes, et la première sensation qui la saisit fut celle d'une chaleur écrasante, comme si l'air se faisait désirer pour affluer à ses poumons. De la sueur avait perlé sur son front sans qu'elle ne s'en rende compte. Ses yeux encore endormis se posèrent sur le type assis à côté d'elle. Il était assez jeune -environ la trentaine- et un air plus avenant que ce qu'elle aurait pensé. Tandis qu'elle le dévisageait d'un œil inquisiteur, il lui tendit une bouteille d'eau en plastique pour toute réponse.


"C'est pas bon de dormir trop longtemps par cette chaleur, mad'moiselle."

Il avait une voix très jeune et un ton plutôt doux qui contrastait avec son air sec. Malgré ses airs un peu bruts, il n'était pas malintentionné, elle le sentait. Il n'y avait aucune émotion, bonne ou mauvaise, pour venir expliquer son geste. Il faisait, point. Elle connaissait bien ce genre d'aura, son parrain était pareil dans presque toutes les situations. Bien sûr, un être humain ne reste jamais vide de sentiments, mais au moins celui-ci avait le mérite de ne pas être tordu. Ne pouvant résister devant son insistance bienveillante, elle prit la bouteille en le remerciant et bu quelques gorgées d'eau. Elle dut reconnaître qu'il avait eu une riche idée. La jeune femme se pencha vers son sac pour prendre son porte-feuille et le rembourser mais avant même qu'elle ait pu ouvrir le zip, elle sentit une main ferme sur son poignet. Sur le coup, elle prit peur, mais d'un geste un peu maladroit, il la fit s'adosser de nouveau à son siège et lui dit sur le même ton presque familier :

"Je n'ai pas fait ça pour être remercié."

C'était catégorique et clair, mais pas agressif. Il avait juste l'air de ne pas trop savoir comment agir -encore qu'il paraisse sûr de lui dans ses gestes- mais c'était quelqu'un de sympathique. Ils parlèrent un peu et elle lui dit qu'elle n'était jamais allée à Mala Muerte mais que sa mère en était originaire. Il lui donna quelques conseils, lui dit qu'il s'appelait Karl, puis finalement arrêtèrent leur échange un moment. Kylia regarda le paysage défiler -un peu trop vite- par la fenêtre puis de nouveau la voix retentit derrière elle. Malheureusement, elle était tombée sur un bavard. Ça n'était pas tellement désagréable, il ne parlait pas tellement pour ne rien dire, plus pour combler un manque visible de contact avec les autres. Il lui parla encore de diverses choses à propos de sa destination et la mit bien en garde contre tout ce qui y trainait de jour comme de nuit. Contre toute attente, il lui donna de quoi le contacter en cas de besoin...ou même si elle n'avait pas besoin, se permit d'ajouter intérieurement la jeune femme non sans un sourire amusé. Ou comment refiler son numéro à une inconnue dans le train avec toutes les bonnes intentions du monde.

Le train s'arrêta complètement à quai et l'empathique manqua de tomber en se levant. Ne plus être en mouvement lui donnait l'impression d'être saoule. Comme elle tendit les bras pour défaire les sangles de sécurité de sa malle, les grandes mains revinrent et portèrent son bagage jusqu'à l'extérieur où elles fixèrent même le tout sur le diable pour faciliter la tâche à la jeune femme. Comme quoi, être l'une des seules représentantes de la gente féminine dans un wagon peut servir, parfois. Le bâtiment était au moins tout aussi sinistre que celui de Modula, même si la différence de température était énorme. Les quais se vidaient peu à peu tandis qu'elle vérifiait sur son plan le chemin à suivre. Son employeur avait été avare d'explications, elle détestait déjà ce lieu. Kylia quitta la gare avec un soupir, se préparant à affronter le soleil brûlant de la région.

Elle fut frappée par le spectacle qu'elle vit. D'autres trouveront qu'un désert est un lieu sans aucun intérêt, mais la majesté d'un tel lieu n'est pas négligeable. L'étendue ocre semblait interminable, balayée par un vent chaud qui soulevait des ombres et des monstres de sable. Elle avançait dans un monde complètement inconnu, à la fois hostile et fascinant. Comme tout endroit sur Terre, il était plein de vie et faisait pourtant plus penser à un cimetière qu'à un lieu habité par une quelconque espèce animale. Les quelques bruits que l'on entendait ne pouvait rivaliser avec une impression de silence pénétrant créée par le vide ambiant. C'était terriblement impressionnant de se sentir si impuissant dans un monde que l'homme disait dominer. Les rayons du soleil étaient comme une vive morsure sur sa peau et ses yeux avaient du mal à supporter la vive lumière si elle levait trop le nez. Elle resta encore un moment à observer le paysage, puis décida de se remettre en route. Son chargement peinait sur le chemin et quand les bourrasques soulevaient des nuages, le sable semblait vouloir passer la barrière de ses cils. Si elle avait su, elle aurait prévu quelque chose de plus adéquat.

Kylia suivait son plan des yeux tout en évitant les divers passants. Elle devait bien les faire rire avec son teint clair et son air de chien perdu. Sans oublier une malle qui faisait presque sa taille et sans doute plus que son poids. Il n'était pas très tard, mais elle espérait ne pas arriver avant la traditionnelle fermeture de la pause déjeuner -s'ils en faisaient une, naturellement. La jeune femme dut demander son chemin encore une ou deux fois pour être sûre d'être dans la bonne direction. On ne lui répondait pas toujours de bonne grâce, mais la politesse de ses requêtes jouait en sa faveur. On est jamais trop prudent. Elle n'aurait jamais pensé que Mala Muerte serait un tel labyrinthe. Sa mère lui en avait parlé, mais elle était petite à l'époque et elle n'avait pas tout retenu ou pas tout compris. Il fallait dire qu'elle restait assez discrète sur son passé et même si sa fille n'avait jamais vraiment compris pourquoi, elle respectait ce choix. Elle devait cependant avouer qu'à l'heure actuelle, ce genre de choses lui manquait. Au lieu de s’apitoyer sur cette carence, elle allait profiter de découvrir les lieux. Si elle en avait vraiment le loisir, bien sûr. Son employeur lui avait demandé de rester jusqu'à la fin des réparations, même si cela devait prendre plusieurs jours. Son billet de retour était payé mais sans date. Elle n'avait pas vraiment compris pourquoi un voyage aussi long mais elle ne pouvait pas protester, n'y connaissant pas grand chose elle-même. Et puis, c'était toujours l'occasion d'avoir quelques vacances.

La jeune femme arriva enfin devant une enseigne qui correspondait avec le nom qu'on lui avait donné. Elle n'était pas à l'aise. N'étant jamais venue auparavant et ni une tête connue dans le coin, il était plus difficile de se présenter à la porte de personnes qui eux connaissent celui qui vous a envoyée là. Prudemment, elle poussa la porte et vit avec soulagement qu'elle s'ouvrait. Soulagement qui disparut bien vite quand elle dut faire passer le diable par dessus la marche qui séparait la boutique de la rue. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser du matériel couteux sur le passage. Même abimé, il était facile de le réparer et de le revendre ou de le récupérer pour usage personnel et elle n'aurait pas l'air fin de rentrer à Modula les mains vides. Essayant de se tranquilliser, elle se tourna vers le comptoir et se racla légèrement la gorge. Elle n'avait quasiment pas parlé depuis qu'elle s'était levée et elle allait sans doute encore avoir une merveilleuse voix du matin encore un peu rauque.

"Bonjour, je suis envoyée par mon employeur pour réparer du matériel défectueux. Vous faites bien des réparations, n'est-ce pas ?"
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June Youngblood

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MessageSujet: Re: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeMar 14 Juin - 15:41

June était assise à même le sol, une machine de taille moyenne coincée entre les genoux et quelques outils éparpillés autour d’elle. Elle rafistolait le condensateur d’air pour la troisième fois en deux semaines – chose qui ne serait pas arrivée si elle ne s’était pas mise en tête de « mettre à jour » tout ce qui lui passait sous la main. Les beaux, et surtout chauds, jours revenaient et l’air dans cette grande structure fermée était de moins en moins supportable. C’était le mois de juin. Le mois de June. Pourtant, il était loin d’être son favori pour des raisons qu’elle avait officiellement oubliées en même temps que son passé…

Pour s’empêcher d’y penser, June s’occupait le plus possible l’esprit – et par conséquent les mains. Elle enchainait commande sur commande, au point de faire sauter ses heures de sommeil et ses week-ends, comme s’il n’y avait rien de plus important. C’était son moyen de se protéger contre la douleur. Elle se savait tellement incapable de supporter plus qu’actuellement.

June fut tirer de ses pensés par un bip dans son oreillette. Garett, son tuteur, tentait de la joindre mais il était trop loin. Elle leva la tête et s’aperçut de l’heure. Le plus naturellement du monde, elle aboya pour toute réponse et déposa ce qu’elle avait dans les mains avant de rejoindre le reste du groupe à la cuisine, son perroquet robot à sa suite.

June n’avait plus de langue. Les circonstances étaient compliquées et pour faire court, on ne racontait que les conséquences : communication difficile, robot qui lui faisait office de voix, facultés gustatives non-utilisables, nourriture uniquement sous forme liquide, compléments nutritionnels en cachet… Pour compenser la perte de sa voix, elle utilisait assez régulièrement son pouvoir comme moyen de communication.

La jeune femme était justement entrain de préparer sa mixture quand elle entendit la porte claquée puis une voix montée. Son tuteur se redressa et la regarda, les joues gonflées à cause de la nourriture. June attendit qu’il avale ce qu’il avait dans la bouche, le sourire aux lèvres. « Tu peux aller voir June ? Ca doit être la meuf du stand de tir. »

Plutôt contente de louper son déjeuner, elle repartit en pressant un peu le pas dans le garage, son perroquet volant à hauteur de son crâne, traversant un long couloir qui desservait plusieurs pièces de l’habitat dont sa chambre. Le garage était la pièce la plus grande aussi bien en surface qu’en hauteur. En face de l’entée, un imposant meuble servait de rangement, d’immense caisse à outils, et occupait le centre de la pièce. Derrière, quatre bureaux de trois bons mètres de long chacun, séparés par des murets peu hauts et épais, faisaient office d’établie pour chaque membres du garage. Il avait bien-sûr d’autre pièces annexes avec du matériel et des machines de valeur.

June passa derrière la caisse, une expression amicale collée au visage, et tapota rapidement quelques mots sur son « bracelet » (qui lui recouvrait tout l’avant bras en faite) pour accueillir la cliente :

_ Bonjour et bienvenue. Que puis-je faire pour vous ?

Comme toujours, c’était son perroquet qu’il parlait à sa place de sa voix électronique et féminine. Chose qui pouvait s’avérer terriblement gênante avec les clients puisque ces derniers n’étaient pas habitués à ce mode de communication. Et puis, une gamine de tout juste dix neuf ans, muette, a tendance à engendre une certaine pitié. Alors June souriait comme si tout cela était tout à fait normal, comme si son handicape n’était pas.

_ Votre visite était peut-être prévue ? Si oui, qui êtes-vous ? La raison de votre venue s’il vous plait ? demanda la mécanicienne après avoir connecté son perroquet à l’ordinateur d’une unique pression sur un bouton et pouvoir ainsi utiliser le clavier.

June tira la chaise sous ses fesses et s’y installa, la tête levée vers son interlocutrice. Sa façon de parler devait affreusement contrastée avec sa tenue, c'est-à-dire un short assez long en jean, taché de traces en tout genre, un t-shirt noir sur lequel figurait l’inscription « Punk are not dead », héritage d’une tendance vestimentaire plus ou moins ancienne de Garett, et une queue cheval dont plusieurs mèches vert-eau sortaient, notamment à l’arrière de sa tête. Bref, elle était en tenue de combat – bien à l’aise pour bosser.





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Kylia Miyata

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MessageSujet: Re: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeDim 19 Juin - 0:45

Le jeune homme à qui elle venait de s'adresser s'essuya les mains sur un chiffon en marmonnant quelque chose d'incompréhensible avant de quitter la pièce sous le regard surpris de Kylia. L'odeur de cuisine qu'elle sentait lui fit comprendre qu'elle arrivait à peu près au moment de la pause déjeuner, mais il aurait tout de même pu le lui signifier plus distinctement. Elle ne savait pas si elle devait repasser ou non, c'était d'un commode ! La jeune femme travaillant dans un commerce, elle savait que quand on était en face d'un client, le mieux était de toujours rester poli, mais peut-être n'étaient-ce pas les mêmes règles dans ce coin du monde ? Toujours coite de cette attitude aussi inexpliquée qu'impolie, elle se dit qu'elle n'allait pas jouer les citadines et attendre poliment de voir si quelqu'un daignait venir à sa rencontre.

Au bout de quelques minutes, elle vit une jeune fille plus jeune qu'elle s'avancer jusqu'à la caisse suivie par un perroquet mécanique, ce qui lui donnait déjà un air à la fois étrange mais sympathique. La voyant taper sur un clavier qui lui recouvrait presque tout le bras, elle se demanda bien ce qui allait en résulter, se doutant que ce n'était pas pour le plaisir qu'elle le faisait. Une petite voix électronique de standard téléphonique sortit du bec de l'oiseau mécanique et même si elle devait avouer sa surprise, la jeune femme n'en fut pas choquée ni offusquée. Si elle-même avait eu ce genre de système quand elle s'était retrouvée dans l'incapacité de parler, elle aurait été bien contente. Elle comprenait parfaitement ce qu'était le mutisme, mais pas au niveau physiquement mais bien psychologique du terme. C'était assez dur de ne pas réussir à communiquer avec la majeure partie des gens, même si vous avez en général toujours des proches pour vous comprendre quoiqu'il arrivait.

Avec un certain petit pincement de nostalgie au cœur, elle se rappela les années qu'elle avait passées à s'embêter à faire comme elle : écrire. Même si la jeune femme n'avait pas eu la chance d'avoir un petit boitier vocal pour retransmettre des sons, elle avait subi les mêmes problèmes de décalage dans la communication et ça avait agacé plus d'une personne de devoir sans cesse attendre pour avoir une réponse. Même si parfois, elle se demandait comment serait sa vie si elle était encore muette. Dans un sens, pour son travail c'aurait été assez difficile même si elle avait pu trouver des solutions à l'instar de cette jeune mécanicienne. Ce qu'elle appréciait le plus, c'étaient le langage corporel qui se développait avec cet handicap, les longs silences complices, les échanges de regards...En fait, à bien y réfléchir, elle utilisait plus sa voix qu'elle ne le voudrait. Les gens trouvaient cela tellement plus facile et elle devait avouer qu'elle appréciait, une fois qu'elle connaissait mieux ses interlocuteurs, de pouvoir ne dire que le strict minimum. Peut-être qu'un jour elle trouverait une autre personne que Kamiko capable de communiquer avec autant de facilité et de complicité sans avoir à ouvrir la bouche.

Kylia eut un sourire sincère, sans compassion, sentant que cette jeune fille était tout à fait détendue. Mignonne avec son joli sourire, elle attendait poliment à la caisse comme elle-même devait le faire au stand de tir. En y réfléchissant bien, elle ne ressemblait pas à l'idée qu'on se fait en général d'une mécanicienne. Et pourtant, à la vue de sa tenue on ne pouvait pas imaginer un seul instant le contraire. Les contrastes font tout le charisme d'une personne. Attendant patiemment qu'elle finisse de taper son deuxième message, la jeune femme de Modula resta silencieuse et souriante. Une fois que les trois questions furent posées, elle entreprit d'y répondre le plus clairement possible en ne s'emmêlant pas dans les mots comme elle le faisait d'ordinaire quand elle manquait de sommeil.


"Je devais en effet venir aujourd'hui. Je suis Kylia Miyata du stand de tir Rosenberg à Modula. Mon employeur m'a demandé de vous apporter des armes à réparer." Elle donna deux petites tapes du bout des doigts sur la caisse métallique. "Il y en a beaucoup et je sais que vous avez sans doute d'autres réparations à faire. Vous n'êtes pas pressés, je peux rester ici autant de temps qu'il le faudra."

Pour ne pas qu'on la prenne pour un imposteur ou tout simplement qu'ils se montrent réticents, elle défit une bretelle de son sac à dos pour le faire passer devant et l'ouvrir. Elle en sortit alors quelques papiers qui attestaient de l'appartenance des armes à une infrastructure conventionnée et légale, ainsi que sa carte d'employée. Même si la jeune femme lui avait fait confiance, elle se devait de lui montrer que tout était en règle histoire qu'elle n'ait au moins pas de problèmes par sa faute. Après tout, elle aurait pu faire partie d'un réseau de trafiquants d'armes qui prenaient le cachet d'une véritable entreprise. Il y avait tellement de gens malhonnêtes de par le monde qu'il fallait maintenant tout justifier. Elle devait avouer que c'était assez gênant de devoir à chaque fois tout expliquer par le menu, comme si on pouvait être en faute à tous moments, mais la confiance passait souvent par ce petit rituel, surtout en ce qui concerne ce genre de marchandises.

"Voilà, je crois que tout y est."
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June Youngblood

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MessageSujet: Re: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeLun 20 Juin - 16:55

June s’était toujours passionnée pour tout ce qui pouvait avoir un rapport avec les nouvelles technologies et les avancements qu’elles entraînaient, dans tous les domaines. Elle n’aurait pas su l’expliquer mais cela la fascinait. Très jeune, elle lisait déjà des revues entières consacrées aux armes, et même s’en comprendre vraiment les informations, elle les enregistrait dans un coin de sa tête, certaine qu’un jour elles lui resserviront. Quelques années plus tard, June avait conçu des plans puis des prototypes d’armes. Tout semblait marché, ses calculs semblaient justes. Tout avait été vérifié, et par elle et par Garett, mais malheureusement, il avait eu… une faille. Faille qui lui avait coûté une belle cicatrice sous l’avant bras – par chance, c’était celui où elle portait son bracelet.

Depuis, la jeune femme évitait au maximum de s’occuper des stocks, des commandes d’armes et tout ce qu’il pouvait y toucher de près comme de loin. June savait donc qu’elle allait très certainement déléguer cette tâche à autre membre du garage qui serait sûrement plus à l’aise qu’elle. Ce n’était pas de la mauvaise volonté, simplement, elle aimait rendre un service de qualité à ses clients.

June avait immédiatement pensé à Kevin quand la femme avait prononcé les mots « des armes à réparer », Kevin qui sortait justement des toilettes alors qu’elle écoutait sa cliente et prenait les documents qu’elle lui faisait passer. Il avait un air renfrogné depuis ce matin. Sa dernière copine l’avait peut-être plaquée la veille au soir, pensa-t-elle, en un haussement de sourcil.

Elle s’attarda sur chacune des feuilles que lui avait transmit la dénommée Kylia avec attention. Tampon, signatures, dates, noms, accords… Tout avait une importance. Ses doigts s’agitèrent, d’abord sur l’écran de son ordinateur, histoire de vérifier une ou deux informations très rapidement, puis le clavier à peine plus épais que six ou sept feuilles empilées les unes sur les autres :
_ Tout est en ordre, c’est parfait. Je vous demanderais simplement de vérifier si les armes sont bien déchargées pour éviter tout problème. Nous allons nous mettre près des établies pour procéder à la vérification.

June leva brièvement les yeux au dessus de son crâne pendant qu’elle se déconnectait de l’ordinateur et se levait pour rejoindre Kylia de l’autre côté de la caisse. La jeune femme aux cheveux vert-eau constata que son perroquet était resté en hauteur alors qu’il aurait se poser sur le bureau ou même sur elle. Ses yeux, rouges, clignotaient, signe d’une présence magique dans la pièce. Ni portant pas plus d’attention, du moins pas en apparence, elle empoigna les manches du diable, souriant gentiment à sa cliente qui l’avait dispensé de l’habituel sourire pitoyable qui lui lançait les gens. En s’éloignant vers les établies, la pensée que malgré leur différence d’âge plutôt moindre – peut-être cinq ou six de plus qu’elle – le visage de Kylia était empreint d’une certaine maturité qui faisait défaut à celui de June. A cela s’ajoutait, des yeux étrangement violets qui lui rappelaient (et la rassurait) qu’elle n’était pas la seule à avoir des caractéristiques physiques particuliers.

June redressa le diable dans un bruit sonore et laissa à l’employée du stand de tir la place d’opérer. Elle tenta une approche sympathique dont le but de lancé une conversation le temps de décharger toutes les armes – car elle avait bien l’impression qu’il en avait un bon paquet. Elle leva le bras pour faire comprendre à Sado (son perroquet) de revenir à elle ; ses doigts bâtèrent les petites touches qu’elle connaissait par cœur :

_ Je vous propose d’aller manger après cela, si vous ne l’avez pas déjà fait. Vous êtes bien-sûr la bienvenue à notre table. Aussi, si vous tenez à rester dans les environs le temps des réparations, nous pouvons vous prêter un lit. Elle fit une pause de quelques secondes le temps de chercher ses mots, et continua. Les gens sont très gentils ici mais il y a beaucoup de voyageurs qui passent la nuit dans la ville, peut-être un peu moins « recommandables ».

Pour des clients qui viennent de loin, le garage pouvait au moins assurer l’hébergement et quelques repas. En plus de cela, les réparations risquaient de ne pas être données. Son geste était donc d’un côté assez commerciale, mais pas seulement : on l’avait « élevée » comme cela, si l’on peut dire cela pour une adolescente. On ne laissait pas une femme seule à Mala Muerte, entourée d’hommes, surtout si elle ne connaissait personne. Du moins, June voyait les choses ainsi.


Dernière édition par June Youngblood le Sam 2 Juil - 14:53, édité 1 fois
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Kylia Miyata

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MessageSujet: Re: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeDim 26 Juin - 22:01

Elle était soulagée de voir que tout était en règle et qu'elle n'avait rien oublié sur le comptoir. C'était son gros problème : oublier des choses au passage. C'était chronique, les objets fins lui filaient toujours entre les doigts et elle n'avait pas pris l'habitude de vérifier si elle avait bien tout avant de partir. Intérieurement, elle se félicitait de ne pas faire la même chose avec les clients au stand de tir. Elle avait remarqué qu'elle faisait beaucoup plus attention quand ça concernait les autres que lorsque ça la concernait elle-même et avant que le mot altruiste ne vous vienne à la bouche, autant vous présenter les vraies raisons d'autant de soin. Quand vous rater quelque chose que vous avez fait vous-même de A à Z, vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-même. Or, quand vous le faites pour les autres, c'est toujours à vous que l'on peut s'en prendre, et se faire dire que l'on a commis une voire des erreurs ne fait jamais plaisir. D'autant que ce n'était pas recommandé en tant qu'employé de se faire adresser des reproches sur la qualité de son travail.

Kylia sourit à la jeune fille et la suivit, surprise d'être devancée pour amener la caisse jusqu'à l'établi central. En effet, mieux valait faire ce que son patron n'avait pas fait : vérifier que les armes étaient bien déchargées. Il aurait dû le faire mais comme il avait décidé de se presser, il s'était contenté de bien les arnacher à l'intérieur pour qu'aucune détonation ne survienne au cours du voyage. C'était le genre d'endroit où un coup de feu tiré pouvait déclarer les hostilités...Certes en exagérant les choses, mais il suffisait de tomber sur le mauvais wagon. L'empathique avait remarqué un léger changement dans l'attitude -si l'on pouvait bien employer ce terme pour un être vivant artificiel et construit dans un but seulement utilitaire- du petit oiseau mécanique, mais se dit que ça n'avait rien à voir avec elle. Un problème de charge ou un bug électronique, sans doute. Ne représentant pas une menace pour la plupart des humains ordinaires, Kylia ne se souvenait que rarement de sa particularité et ne la percevait pas comment quelque chose qui gênait le commun des mortels. Ainsi, elle n'aurait jamais pu envisager être un élément perturbateur où que ce fût. Elle ne garda donc que l'hypothèse du problème informatique, son imagination ne pouvant aller au-delà.

Avant que la mécanicienne ne fasse quoique ce soit, la jeune femme attrapa la caisse par les deux extrémités et la fit basculer sur l'établi. Elle n'avait ni beaucoup de force ni beaucoup de muscles, mais elle connaissait ces quelques gestes qu'elle avait appris à exécuter sans se faire mal. Et puis, on a beau dire mais à force de manipuler des objets aussi lourds que des armes, on finit par avoir un petit capital musculature même sans le vouloir. Dans un claquement sec, elle ouvrit les deux cadenas et défit les V pour pouvoir soulever le couvercle, manœuvre qu'elle fit avec une grande précaution. C'était toujours là qu'il fallait faire attention. C'était la première chose que son employeur lui avait appris : se méfier des armes potentiellement non déchargées emballées même le plus précautionneusement du monde. Les gonds grincèrent à peine -il faudrait qu'elle pense à les graisser- et le soulagement se lut sur son léger sourire quand elle vit qu'il ne se passa rien. Toujours avec délicatesse mais rapidité, elle démonta les chargeurs un à un, faisant tomber doucement les quelques balles qui y trainaient parfois au creux de sa main avant de les déposer doucement sur l'établi. Ses doigts étaient habitués et connaissaient les mécanismes de chaque modèle, les défauts et les dangers, le moment où il fallait forcer et celui où il fallait faire glisser.

Sans lever les yeux de son travail -même si elle n'y voyait pas grand chose sans ses lunettes, elle savait exactement quoi faire- elle écouta la petite voix électronique et ses propositions hospitalières. Kylia devait avouer qu'elle avait prévu de l'argent au cas où elle n'aurait pas pu se faire héberger à l'atelier, même si l'idée de rester dans la même enseigne que certains voyageurs un peu tordus ne l'enchantait guère. C'était une bonne nouvelle qu'on le lui propose sans qu'elle n'ait à quémander. Elle n'aurait jamais osé, de toute manière. Avec un sourire avenant, elle acquiesça d'un petit signe de tête.


"C'est très volontiers que j'accepte. Je me demandais où j'allais dormir ce soir, vous m'enlevez une sacrée épine du pied." Elle plia une nouvelle arme pour vérifier le chargeur. "J'avoue qu'en venant à Mala Muerte, j'ai vu quelques têtes peu rassurantes, mais dans l'ensemble ceux qui étaient dans le train avec moi étaient très corrects. Maintenant je ne sais pas ce que ça aurait donné dans la même auberge." Remboitant le canon et le chien, elle fronça légèrement les sourcils. Encore une de très abîmée. Il n'en restait que trois, c'était bientôt fini.

Il faisait une chaleur étouffante malgré tous les efforts à son encontre. Du moins c'était ce que pensait la jeune femme. Il fallait dire qu'à Modula, son employeur avait mis le paquet sur l'air conditionné pour compenser le manque d'aération. Et puis, on avait beau dire, le climat n'était pas le même. L'empathique comprenait maintenant mieux pourquoi elle avait toujours vu sa mère avec des vêtements qui n'étaient pas toujours de saison. Elle essuya rapidement ses mains sur son pantalon noir et reprit sa tâche. Autant finir le plus vite possible...mais sans se presser !


"Au fait, si vous avez besoin de quoique ce soit que je puisse faire, n'hésitez pas. Je ne compte pas rester là les bras croisés et si ça peut vous aider, ça sera avec plaisir." Elle lui adressa un sourire avant de vérifier le dernier chargeur. Il en était résulté une dizaine de munitions oubliées, ce qui était assez peu pour un chargement passé sans vérification. Les yeux violets se relevèrent vers ceux de la jeune femme qui avait attendu patiemment, elle-même attendant la suite des événements sans vouloir paraître impolie.
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June Youngblood

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MessageSujet: Re: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeDim 3 Juil - 22:13

June se sentait gênée de laisser la cliente s’occuper de décharger toutes ses armes seule. Sa première excuse avait été « je ne sais pas le faire », « cela pourrait être dangereux » mais il lui avait fallu peu de temps pour comprendre que sa peur des armes était encore bien présente. Elle avait l’impression que sa cicatrice la brûlait, qu’elle saignait comme une grande plaie ouverte. Elle se voyait se tirer dans le pied, dans un tuyau, une conduite de gaz ou encore sur Kylia. Elle imaginait le sang faire d’affreuses tâche sur le sol, se mélangeant à la poussière et aux autres saletés se trouvant à terre. Le tout donnerait une mixture plutôt dégelasse. Elle n’avait pas vécu que peu d’évènements marquants, mais en gardait des souvenirs très précis. Elle aurait préféré oublier comme certaine personne le font « naturellement », action d’auto-défense mené par le cerveau, mais rien n’y faisait. June n’oubliait pas. Ni son bras blessé et saignant, ni sa vie à Modula.

Tout se rapportait toujours à cela, cette ancienne vie qui lui avait coûté sa langue. Ce n’était décidément pas sa période.

Malgré tout, malgré le fait qu’elle s’en veuille d’être incorrecte et d’être aussi faible, June ne bougea pas. Elle attendit, conversant silencieusement avec la cliente à propos du logement de passage qu’elle lui avait proposé et de Mala Muerte avec quelque signe de tête et une ou deux grimaces compatissante et compréhensive. La chaleur ne n’arrangeait rien à son état – état qu’elle dissimulait pratiquement à la perfection derrière son masque poli. La priorité allait être à la réparation du condensateur d’air. Chose qu’elle pourrait peut-être faire avec l’aide de Kylia, puisque cette dernière semblait, d’après ses dires, ne pas vouloir rester les bras croisés.

_ Je vous comprends, j’aurais sûrement du mal à rester sans rien faire pendant près d’une semaine. Surtout quand tout le monde s’agite autour de vous.

La jeune femme aux cheveux vert-eau était sincère. Dès qu’elle passait le week-end chez son tuteur, dans un appartement à Modula, elle était obligée de sortir pour ne pas s’entendre dire « Laisse, je m’en occupe. Va t’amuser. Je peux le faire. » Elle était censée être chez elle mais avait la terrible impression d’être une invitée dans ce lieu.

La porte donnant à la partie « privée » de l’habitacle s’ouvrit, laissant passer trois hommes de trois générations différentes, alors que June allait faire signe à sa cliente de la suivre pour aller se restaurer avant de commencer à travailler. Le plus vieux d’entre eux s’approcha vers les deux jeunes femmes et se présenta à Kylia comme étant la gérant du garage. June le laissa le temps de serrer la main de la brune et de la remercier d’être venu ici pour les réparations avant de lui expliquer qu’elle avait proposé à leur cliente de manger un bout et de dormir ici le temps des réparations. « Tu as bien fait. Bienvenue parmi nous Mademoiselle.» répondit l’homme à la barbichette blanchie et à la peau pratiquement de la même couleur que le cuire. Le temps l’avait façonné et changé mais derrière ses rides, derrière ses cicatrices et autre marques, on reconnaissait encore les traits d’un bel homme. Le temps l’avait aussi fait prendre quelques kilos, ce qui semblait être une fatalité malgré tout les efforts que les gens pouvaient fournir.

_ Tous les papiers sont sur le bureau de la caisse si vous en avez besoin, finit par dire June avant de prendre congé du père de son tuteur – l’entreprise était une affaire familiale – et de retourner son attention sur Kylia. Allons manger avant d’attaquer cette après-midi. Suivez le guide, sourit-elle.

June se dirigea donc vers la porte par laquelle étaient entrés ses collègues, son perroquet volant toujours à hauteur de son crâne. Elles traversèrent un couloir éclairé seulement à la lumière qui s’échappait de la porte du fond qui n’était d’autre que la cuisine. L’endroit était plutôt grand et coupé en deux. En entrant, on arrivait directement devant une table placée en longueur, simple, en bois, vieille et plutôt grande, entourée de chaise du même matériau. Une télévision était placé au fond de la première partie de la pièce, collée contre le mur, de telle façon qu’on puisse la regarder en étant assis sur un des chaises. Il y avait de trois meubles et étagères remplies principalement de livres et de photos. Dans la seconde partie, plus à gauche, la cuisine à proprement dit, avec tout l’équipement nécessaire, occupait pas ma de place. Les Youngblood possédaient un frigo assez impressionnant, histoire de remplir tous les jours les gouffres des hommes de la maison. Le congélateur faisait tout aussi peur. June proposa à Kylia de se laver les mains au robinet de la cuisine et d’aller s’installer à table, puis passa les siennes sous l’eau.

Elle ouvrit le frigo et découvrit les restes laissés. On avait bien sûr pensé à elle - ô joie… - et ses thermos étaient prêts sur le plan de travail. Elle envoya son perroquet au plus près de Kylia pour qu’elle entende ce qu’elle était entrain de taper sur son clavier.

_ Vous avez une préférence entre les carottes et les petits pois, ou peut-être que les deux vous feront plaisir ? Avec cela, il aura de la viande.

Le plus rapidement possible, elle mit à chauffer la nourriture et amena le pain à table ainsi que les couverts. Le fait de manger devant quelqu’un d’inconnu la gênait un peu – June avait toujours craint les réactions des autres – alors pour tenter de contrer la gêne future elle avait préparé quelques questions à poser à Kylia.

_ Je pense que les réparations devraient prendre environs une semaine. Il a des chances que mes collègues vous posent pas mal de questions sur les armes.
Vous allez me suivre durant cette semaine, je pense.
Je ne suis as très calé dans le domaine des armes, je ferais les petites réparations.
Je vous montrerais comme ont les fait ainsi vous pourrez le refaire au cas où il aurait des petits soucis dans le futur. Cela vous fera un peu participer.
Je voulais simplement savoir si vous avez des connaissances en mécanique ?


June envoyait phrase après phrase pour que le temps d’attente ne soit pas trop long. C’était plus simple pour tout le monde…
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Kylia Miyata

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MessageSujet: Re: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeMar 12 Juil - 14:27

Kylia n'avait même pas noté qu'elle n'avait pas laissé faire la mécanicienne. Elle était tellement habituée à le faire à la fin de la journée ou à chaque fois qu'elle plaçait une arme de location dans les mains des clients qu'elle ne lui avait même pas demandé si elle voulait le faire elle. Dans un sens, chacun sa spécialité. La jeune femme savait qu'elle allait vite pour ce genre de choses, sans doute plus vite que la jeune fille en face d'elle sans vouloir amoindrir ses capacités. En revanche, elle ne se risquerait jamais à se lancer dans des réparations par peur de faire une bourde qui couterait une main ou un œil à quelqu'un. Et puis, de toute manière, elle ne pouvait pas rester inactive, tout simplement.

L'empathique adressa un sourire à la mécanicienne. Au moins elles ne se friteraient pas dans la semaine si Kylia proposait son aide. En regardant autour d'elle, elle avait souvent remarqué que beaucoup de monde ne pouvait pas rester sans rien faire longtemps. En même temps, elle trouvait étrange que des gens soient capables de rester des heures à fixer un plafond, inactifs, ou simplement assis dans un fauteuil à se tourner les pouces. Ces personnes-là avaient sans doute de bonne raison et devait faire fonctionner leur esprit, mais quand on est habitué à courir à droite à gauche, on est sans doute pas à même de juger une situation complètement différente. Tant qu'on ne lui demandait pas de faire pareil, la jeune femme était prête à accepter n'importe quoi de la part des autres qui ne les rendent pas agressifs ou capables de faire des massacres. La paranoïa, c'est tout un art.

Trois hommes firent leur apparition et le plus vieux d'entre eux se présenta à elle. C'était un homme en lequel on pouvait avoir confiance et le savoir dès le premier regard. Ou alors il cachait drôlement bien son jeu. Elle lui serra chaleureusement la main et le remercia non moins gracieusement. Et dire qu'elle avait appréhendé les rencontrer, elle aurait dû écouter son employeur qui lui avait bien dit qu'ils étaient sympathiques. Il fallait avouer que lorsqu'on se rend dans un endroit inconnu seul, a fortiori quand on est une femme, sans connaître ses potentiels hôtes, il y avait plus rassurant. Cependant, elle aurait dû se douter que jamais on ne l'aurait envoyée seule dans un endroit qui craigne réellement, surtout sans la prévenir.

Les présentations faites, la jeune fille l'invita à la suivre. Un peu gênée de ne pas être là lors de la vérification des papiers par le gérant du garage, elle finit par se dire que si on le lui proposait, c'est que ça ne dérangeait personne. Kylia faisait partie de ces personnes qui ont toujours l'impression de gêner au début et puis qui finalement arrivait à prendre ses aises une fois qu'elle avait trouvé sa place. Pour l'instant, elle en était encore à chercher comment se comporter, même si elle savait qu'on ne s'était jamais plaint d'impolitesse de sa part. Et encore, c'était une donnée toute relative. Certains la trouvaient trop polie et s'en exaspéraient ou d'autres comme son parrain qui l'avait élevée trouvaient qu'elle était supportable. L'empathique suivit la mécanicienne dans la partie privée de l'atelier, se demandant tout de même si les trois hommes n'auraient pas de questions ni de réclamations à faire. Au pire des cas, elle se dit qu'ils sauraient toujours où la trouver.

La jeune femme jeta un regard circulaire à la pièce. C'était propre et confortable, avec un côté nettement plus convivial qu'au stand de tir. Il fallait dire qu'elle travaillait même entre midi et deux heures et sa pause déjeuner consistait à avaler le plus rapidement et le plus discrètement possible derrière le comptoir et tout laisser en plan si on la demandait, même si ça devait être froid à son retour. Heureusement, elle trouvait toujours une vingtaine de minutes creuses. Peu de monde venait s'entrainer au tir à leur pause déjeuner. Les gens préféraient venir le soir. En fait, cela pouvait peut-être paraître masochiste mais ça ne dérangeait pas Kylia de manger en quatrième vitesse. Étant donné qu'elle était presque toujours seule, elle n'y trouvait aucun plaisir particuliers. Il n'y avait que lorsqu'elle allait dîner avec des amis qu'elle trouvait ça sympa. Le reste du temps, elle mangeait parce qu'il le fallait bien.

L'empathique se lava les mains sous l'eau froide, se sentant soulagée par la fraicheur sur ses paumes. C'étaient ce genre de petits détails qui lui rappelaient à quel point elle n'était pas habituée à la chaleur ambiante. Peut-être que si elle avait vécu là depuis toute petite, elle n'en serait pas gênée. Mais elle avait grandi dans une ville au climat plus clément. Elle céda sa place à la jeune fille tandis qu'elle s'essuyait les mains sur un torchon posé sur le plan de travail. Cette jeune mécanicienne était très prévenante. C'était agréable de voir des personnes aussi attentives aux autres, surtout dans un monde où la plupart agissent par intérêt ou sans même regarder s'ils sont seuls ou non. De cette jolie jeune fille ne se dégageait qu'une sincère envie d'être agréable mêlée à...une légère appréhension, ou alors de la gêne. Mais son hôte décida de ne pas se poser de question là-dessus, il lui paraissait évident que ne se connaissant pas, il y ait de la gêne entre elles. Il y avait cependant quelque chose de plus profond mais de beaucoup plus complexe, comme un nœud de serpents très serré. Elle le sentait, mais il lui faudrait forcer pour démêler tout ça et elle ne voulait pas s'y risquer. Ce n'était même pas pour ne pas se faire repérer, mais plus par question de pudeur. Quand on a quelque chose d'aussi enfoui en soi-même, on ne veut pas qu'un inconnu fouille sans permission. Kylia savait qu'elle n'avait pas une capacité extrêmement puissante ni impressionnante, mais elle avait déjà vu une fois que les émotions des autres étaient de très bonnes armes et elle ne voulait pas renouveler l'expérience.


"Eh bien des petits pois, ça ira très bien, merci."

La jeune femme prit place à table, remerciant une nouvelle fois son hôte mais cette fois-ci d'un sourire. Le silence qui avait régi sa vie pendant de nombreuses années lui manquait parfois. Les petits signes discrets que seules une ou deux personnes comprenaient, les clins d’œil complices, les échanges de regards qui déclenchaient des fous rires, apprendre à communiquer sans parler... C'était une expérience qu'elle ne regrettait pas. Enfin si, elle regrettait parfois d'avoir retrouvé la facilité du langage et de devoir l'utiliser aussi souvent.

Une série de questions parvint alors, à laquelle répondit tranquillement, avec un sourire :


"Ce n'est pas un souci. Après tout c'est normal, je manipule ces armes toute la journée ou presque.
Je serai très contente de pouvoir vous aider. Je ne suis pas très calée non plus en la matière, il faut dire que les mécanismes sont plutôt complexes et j'ai toujours peur de me faire exploser un chargeur dans la main en le remettant en place. Si vous pouviez m'apprendre quelques petites choses, alors ça ne sera que mieux. C'est vraiment gentil à vous.
Ah...Pour la mécanique, ça se complique un peu. Disons que je sais démonter une arme et la nettoyer, après pour le reste, je ne peux rien vous garantir. J'essaierai de faire au mieux."


Elle hésita un instant puis se dit qu'après tout, si cette jeune fille connaissait son nom, elle pouvait bien lui demander le sien. Elle avait envie d'engager la conversation mais se dit que les seules choses qu'elle pouvait lui proposer risquaient d'être des sujets délicats voire à éviter. Elle pouvait toujours essayer...

"Au fait, puisque je vais rester pour la semaine...Comment vous vous appelez ?" Après l'avoir laissée répondre, elle reprit : "C'est un système très ingénieux que vous avez là. Plus jeune je ne pouvais pas parler non plus, mais je n'avais pas de simulateur vocal. C'était assez difficile par moment et long de toujours communiquer par écrit. Le temps que j'écrive, que les gens lisent... Je suis contente de voir qu'il y a des gens plus astucieux."
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June Youngblood

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MessageSujet: Re: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeVen 22 Juil - 9:25

Observant et écoutant sa cliente depuis la cuisine, réagissant à ses mots par des expressions, des sourires ou des signes de tête ou d’épaules… Tout un langage corporel qu’elle avait développé au fil de ces six ans de mutisme. June évitait au maximum de parler avec son perroquet quand un simple geste pouvait suffire. Plus rapide, plus humain, moins dérangeant. La voix électronique de son robot, aussi bien perfectionnée soit elle, lui devenait rapidement insupportable au cours d’une journée. Pour contrer ce mal, la mécanicienne, créait et changeait régulièrement la voix de Sado. Et puis, elle ne voulait pas habituer les gens à une voix qu’ils pourraient identifier comme étant la sienne.

June apporta l’assiette de Kylia, ses deux thermos et de l’eau sur un plateau qu’elle posa en bord de table. Son ventre commençait à réclamer des vivres qui ne lui avaient pas été fourni ce matin, ce qui lui arracha une grimace vite refoulée sur son jeune visage. Sa cliente lui fit gentiment remarquée qu’elle ne s’était pas présentée et June entre ouvrit la bouche inspirant un peu d’air qu’elle rejette juste après dans un soupire.

_ J’ai la tête ailleurs, je suis désolée. Je m’appelle June. June Youngblood, précisa-t-elle, toujours en utilisant son clavier.

Elle faisait attention à ne jeter qu’un bref regard à ses touches pour ensuite fixée le plus naturellement possible Kylia. Expression qui resta figée quelques microsecondes de trop. Elle ne s’attendait pas à ce que la brune lui parle de son perroquet. Les gens étaient toujours si…coincés quand elle abordait le sujet qu’elle avait fini par abandonner le sujet. Ca ne la dérangeait pas d’en parler. Elle était fière de ce qu’elle avait fait. En six ans, elle était partit de pas grand-chose. A la base, le simulateur vocal était placé dans un bracelet de la taille d’une attelle pour un avant-bras. Le système était similaire à celui qu’on pouvait trouver dans un portable qui transformait les messages écrits en messages audio. Au fur et à mesure, elle avait perfectionné le système, travaillé sur des choses plus complexes, imitant d’autres programmes déjà existants. Mais en ajoutant plus de fonctions, il avait fallu plus de place et c’est comme ça qu’elle avait pensé à un robot. Son robot perroquet, c’était une de ses plus grandes fiertés. Elle avait conçu seule, du programme à la forme. Mais l’utilisation première de cette invention étant de communiquer, elle n’en parlait pas jamais, de peur de mettre plus mal à l’aise les personnes qui l’entouraient.

Tout en réfléchissant, June avait disposé sur la table le repas de chacun et s’était assise. Elle avait préparé sa réponse à Kylia.

_ Sado a ses avantages, c’est certain. Plus rapide, plus pratique. Mais le matériel pour le concevoir est coûteux et puis… Les émotions ne passent pas. Tout reste plat. Même un « Je t’aime » sonne comme un « Merde ». Alors qu’à l’écrit, on peut faire passer plus de choses par des tournures de phrase un peu travaillées… et les émotions passent. Mais je vous l’accorde, c’est long comme procédé. Néanmoins, je trouve que ça a un côté plus humain.

Ses doigts s’étaient emportés seuls, et leur vitesse d’exécution était impressionnante. Le temps les avait rendus agiles. Elle leva les yeux vers Kylia et lui sourit tout en ouvrant une partie de son thermos. Elle y glissa une paille et avant d’y coller ses lèvres elle se permit une question plutôt indiscrète, certes, mais qui brûlait presque les lèvres.

_ Vous disiez que vous ne pouviez pas parler étant plus petite. Je peux vous demander… à quoi c’était dû ? J’avais lu que certains enfants prennent plus de temps que les autres avant de commencer à parler… C’était peut-être votre cas ?

June prit sa paille en bouche, aspirant la nourriture liquide avec le moins de bruit possible, chose difficile qui était incroyablement difficile.
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Kylia Miyata

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MessageSujet: Re: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeSam 23 Juil - 21:11

June. C'était un joli prénom. Simple et très féminin. Quand on pense que certains se creusent la tête pour trouver quelque chose d'original, de joli ou de sophistiqué alors que parfois, il suffisait de ne pas aller loin pour trouver quelque chose de bien. Pour sa part, Kylia avait hérité d'un nom originaire de la langue de sa mère. Elle n'avait jamais bien compris si c'était le dialecte de Mala Muerte ou quelque chose de bien plus ancien, mais elle savait que son prénom voulait dire "Lune" dans un idiome appelé Quechua et qui n'était plus utilisé depuis longtemps. Elle se sentait aujourd'hui presque coupable de ne pas s'être intéressée de façon plus approfondie à ce qui étaient normalement ses racines. Elle aurait sans aucun doute le temps, mais encore fallait-il qu'elle s'en souvienne et le rajoute à sa liste de choses à faire pour effacer les regrets.

La jeune fille sembla surprise qu'on lui parle de son perroquet. C'était peut-être un peu déplacé de sa part de lui faire une remarque là-dessus, mais ça n'était pas avec une mauvaise intention. Elle espérait que ça puisse mettre la mécanicienne plus à l'aise de savoir qu'elle savait ce que c'était de ne pas pouvoir parler, de mettre plus de temps à communiquer et surtout de se sentir perpétuellement à part et regardée comme une créature étrange qui mérite la pitié des autres. Dans le fond, la jeune femme regrettait un peu de s'être aventurée sur ce sujet, ce devait être gênant pour elle. Elle était jeune et ce devait sans doute être un poids dont elle préférait éviter de parler, a fortiori avec une inconnue.

Finalement, elle fut surprise de la voir lui répondre tout naturellement comme si elles avaient échangé sur la pluie et le beau temps. Ce que disait June était vrai. Une voix mécanique et artificielle ne pouvait pas donner les intonations d'une vraie voix humaine, mais il restait tout de même la rapidité qui n'était pas à prendre à la légère. Les gens se laissaient vite d'attendre ou alors prenaient le pli quand ils étaient patients et gentils. Mais il était vrai que l'écrit lui avait appris à construire plus vite des phrases correctes et bien tournées, et parfois même très concises. Ça avait été un réel atout au cours de ses études. Ce n'était certes pas le plus important, mais elle avait au moins trouvé un côté positif à ce qui avait semblé être de prime abord un handicap.

Elle la remercia pour son assiette et releva les yeux vers elle avec un sourire.


"Je pense tout de même que pour travailler à la boutique, ce doit être pratique. Mais je suis d'accord avec vous, il y a des choses pour lesquelles ce n'est peut-être pas le moyen de communication le plus approprié. Pour la vie privée, je pense qu'effectivement l'écriture a plus de glamour, si l'on peut dire ça comme ça. Enfin, c'est déjà bien d'avoir plusieurs moyens à disposition pour communiquer. J'en connais qui ont leur voix et qui sont incapables de faire autant d'efforts que vous."

Quand elle vit les thermos et la paille, elle comprit que ce n'était peut-être pas un blocage psychologique mais bien un problème physique voire physiologique. Il existe des gens qui naissent sans langue ou avec un organe atrophié ou encore sans dents -bien qu'elle ait cru entrevoir de l'émail sous ses lèvres fines- et ils doivent subsister à leurs besoins d'une autre manière. Elle fit mine de ne pas relever et commença à découper sa viande en petits morceaux le plus silencieusement possible. C'était une habitude de l'enfance. Manger en tous petits bouts pour mieux mâcher et surtout prendre son temps en mangeant, même si la majeure partie de la semaine elle mangeait sur le pouce.

Les questions de la jeune fille lui firent lever les yeux vers ceux de son interlocutrice. Elle sentait en elle une légère gêne qui venait d'elle ne savait trop où mais surtout une curiosité qu'elle comprenait. C'était indiscret, il fallait le dire, mais Kylia n'était pas du genre à se formaliser. Elle avait elle-même abordé le sujet mais elle appréhendait de parler de cet épisode, non pas pour les souvenirs qu'il générait, surtout pour ne pas lui rappeler éventuellement qu'elle ne pourrait pas suivre le même chemin dans le domaine de la communication. Même si elle devait sans doute être résignée de ce point de vue-là. L'empathique lui adressa un sourire léger mais sincère. Après tout, elle n'avait rien à cacher.


"Eh bien, je crois que j'ai parlé au même âge que les autres petites filles, à quelque chose près. En fait, j'ai perdu mes parents quand j'avais neuf ans. Un accident de voiture, le scénario le plus bête qui soit. Sur le coup, j'ai été assez choquée et je n'arrivais pas vraiment à parler. Je ne savais pas quoi dire, tout simplement. Et puis les gens se sont pressés autour de moi, pleins de bonnes intentions, de bonnes paroles qui étaient parfois bien hypocrites et ne me laissaient pas le loisir de m'exprimer. C'était pas compliqué, ils me posaient une question, attendaient deux secondes et comme je n'avais toujours rien dit, ils s'empressaient de me plaindre. J'ai fini par faire un blocage. Pendant plusieurs années, je n'ai pas dit un mot, pas produit un son. Mon cerveau avait mis cette fonction aux oubliettes...Et en grandissant, je me suis rendue compte que c'était important de savoir parler, de pouvoir communiquer plus facilement avec les autres, surtout pour la vie courante, trouver un travail. J'avais juste un effort à faire. Ça a été long, mais j'ai fini par y arriver. Enfin, il n'y a rien de très glorieux à ça."

Kylia souriait toujours, calme et tranquille comme si elle avait raconté son trajet en train. Parler de cette partie de sa vie ne la dérangeait pas. Elle ne voulait pas qu'on la plaigne et n'en parlait pas à tout va, mais dans un sens, peut-être que savoir ça aiderait la jeune fille à comprendre qu'elle n'avait rien à craindre et qu'elle ne jugerait rien venant d'elle. Elle ne lui renvoya pas la question, de peur de tomber sur le sujet sensible de la semaine. Cependant, elle gardait au visage un sourire qui lui signifiait bien que si elle avait besoin de parler de quoique ce soit, elle n'était seule et qu'elle avait quelqu'un pour la comprendre un peu.

"Bon appétit." La jeune femme ne savait pas vraiment si ce serait bienvenu, et après tout, quand quelque chose est évident, il est plus cruel de le nier plutôt que faire comme si c'était un élément ordinaire de la vie de tous les jours. Tranquillement, elle se mit à manger avant que ça ne refroidisse, n'engageant pas de nouveau sujet pour laisser les doigts libres à son interlocutrice.


Dernière édition par Kylia Miyata le Lun 22 Aoû - 22:21, édité 1 fois
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June Youngblood

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MessageSujet: Re: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeLun 22 Aoû - 21:21

La jeune femme l’écoutait, comme on écoutait toute personne racontant son passé : avec plus d’attention qu’il n’en faudrait. Parce que c’était important. Du moins, ça l’était pour June. Surtout quand une histoire aussi… tragique vous était racontée. Elle n’avait pas de parents mais elle connaissait la douleur de perdre des proches – les circonstances étaient bien différentes ; sa famille à elle était encore existante au niveau physique. June ne vit passer ni tristesse ni nostalgie sur le visage de la jolie brune, et elle ne réussit pas à discerner si c’était parce qu’elle ne voulait pas monter ce genre de sentiment devant une inconnue, ce qu’elle concevait tout à fait, ou si elle était réellement calme. L’âge, la personnalité ou encore le temps avait-il guérit le stresse de parler d’un passé difficile ? La jeune femme aux yeux bleus n’avait pas ce problème puisqu’elle ne parlait jamais réellement de son passé ; c’était comme un secret d’état à protéger après tout. Et le mensonge ne procurant pas la même sensation, June avait du mal à savoir.

June resta silencieuse un instant, hochement tranquillement la tête comme à chaque fois qu’elle semblait être partie dans une réflexion. Ses doigts reprirent leur place sur son clavier.

_ Ce n’était peut-être pas « glorieux » comme effort, mais ça en a été un tout de même. Et je pense que faire de son mieux pour récupérer une chose que l’on a plus ou moins abandonné, du moins mis de côté c’est difficile, donc c’est une belle réussite.

Elle venait de se permettre un dernier écart professionnel. Mais Kylia lui avait semblé plutôt… amical, pas vraiment du genre à s’offusquer. Elle n’aurait pas su l’expliquer correctement, elle avait juste senti comme cela, et tenter de comprendre autre chose n’était peut-être pas nécessaire. Ce qui lui paraissait le plus important, c’était quand même de montrer une certaine reconnaissance envers Kylia.

La mécanicienne lui retourna le « Bon appétit » qu’elle lui avait lancé avant de se pencher sur son assiette. Ses lèvres reprirent possession de sa paille rigide. Elle eut comme l’impression que son thermos était étrangement plein pour ce qu’elle avait préparé comme nourriture. Habituellement elle le finissait bien plus rapidement.

Quand elle eut enfin finit son premier plat (, la semi schtroumpf gonfla ses joues et expira l’air de telle façon à ce qu’il finisse sur son visage, elle avait vraiment trop chaud. Malgré le fait qu'elle ne sente plus le goût des aliments qu'elle ingurgitait - ce qui n'était peut-être pas plus mal vu l'odeur que dégageait parfois ses thermos - elle aimait mangé sa nourriture chaude, histoire de faire une certaine distinctions entre chaque plat. Au du moins entre sa salade-petit-pois-carotte-viande et son produit-laitier-dessert. Elle s’éventa d’une main qu’elle dirigea à nouveau à son avant bras gauche.

_ Il faut à tout prix que je remette la climatisions dans toutes les pièces de cette maison cet après midi. Où on va mourir.

Il faisait vraiment chaud dans la salle à manger. L’endroit donnant directement à la cuisine, l’espace était plus important mais l’air ne circulait pas plus. Elle vivait à Mala Muerte depuis plusieurs années maintenant, six ans tout de même, mais elle supportait encore mal la chaleur. Son tuteur lui avait un jour dit que ça devait venir de ses gênes ; avec ses cheveux bleus et clairs il y avait de fortes chances qu'elle soit nordiste. Et puis c’était une façon comme une autre de relancer la conversation sur quelque chose de plus futile. June s’empara de la cruche à eau et remplit son verre à ras bore avant d’en proposer à sa cliente en lui tendant avec un sourire poli qui ne semblait jamais la quitter.
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Kylia Miyata

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MessageSujet: Re: La poésie de la Kalash [June]   La poésie de la Kalash [June] I_icon_minitimeDim 11 Sep - 19:57

Kylia fut satisfaite et même contente de voir que la jeune fille ne s'était pas rétractée à l'abord de ce sujet délicat. Ce n'était pas tant le compliment qu'elle avait reçu qui étirait son sourire mais bien plus le fait qu'il y ait un échange sans froissement. Dans un sens, elle avait essayé de faire en sorte que les choses passent sans faire d'histoires. Mais d'un autre côté, les individus étaient tous tellement différents les uns des autres qu'il était difficile de prévoir leurs réactions face à la même situation. A sa place et à son âge, l'empathique aurait sans doute été plus vive ou n'aurait peut-être pas pris la peine de répondre. En guise d'approbation, elle lui adressa un clin d’œil furtif et revint à son assiette. Malgré la température, il valait mieux manger tant que c'était chaud.

La jeune femme brune mangea tranquillement, profitant d'un vrai repas assis à une table et sans interruption. Elle en avait tellement gobé debout derrière le comptoir entre deux renouvellements de cartes adhérents qu'elle trouvait dans le simple fait de manger dans des conditions telles était un réel plaisir pour ne pas dire un plaisir rare. Et puis surtout ne pas être seule. Même si June ne pouvait pas parler, c'était toujours mieux de se sentir accompagné dans ces moments où la solitude peut vite vous étreindre l'estomac et vous couper l'appétit. Ce n'était pas nécessairement le cas de tout le monde, mais c'était en tout cas ce que pensait l'empathique pour qui notons-le bien les présences humaines pouvaient devenir de véritables tortures mentales. Le masochisme reste une tare inavouée chez beaucoup de monde.

Quand la jeune fille aux cheveux bleus lui proposa de l'eau par le geste, Kylia se rendit compte qu'elle avait soif. C'est fou comme on peut oublier certaines choses quand on y pense pas. Acceptant volontiers la proposition de son hôte, elle but son verre à petites lampées, laissant des pauses entre chaque. Sa gorge lui donnait l'impression d'être asséchée malgré qu'elle s'abreuve. Il faudrait qu'elle prenne l'habitude de boire plus régulièrement. Les températures n'étaient pas les mêmes qu'à Modula. Au stand, elle pouvait rester des heures entières sans ingurgiter une goutte d'eau, il n'y avait aucun problème. Parfois des maux de reins, mais très rarement. Il faudrait prendre de bonnes habitudes le plus tôt possible, histoire de ne pas leur causer de tort pour un malheureux évanouissement.

La voix mécanique la sortit de ses pensées. Oui, sans doute que réparer le climatiseur serait une bonne idée. Les heures les plus chaudes de la journée allaient venir et la jeune femme devait avouer ne pas savoir à quoi s'attendre ni si elle allait pouvoir supporter le climat avec autant de facilités. Pourtant, elle avait des origines de cette contré aride... Et bien des gens vous confirmerons que cela ne veut rien dire. Une personne habituée à vivre dans un pays chaud supportera moins bien le froid qu'une autre vivant dans une contrée du genre, et inversement, quelque soit ses origines. Exceptions exceptées, bien entendu.

Elle jeta un rapide coup d’œil à l'horloge. Il n'était pas tard, mais June devait sans doute avoir autre chose à faire ou peut-être envie de se reposer. Avec un sourire avenant, elle se leva et prit son assiette d'une main, son verre de l'autre.
"Je vais m'occuper de la vaisselle. Au moins quelque chose que je peux faire ici en étant sûre de ne pas être une catastrophe. Vous pourrez vous reposer ou faire autre chose, en attendant." Elle avait parlé avec douceur et peut-être un peu de fermeté, mais surtout pour lui montrer qu'elle ne laisserait la place à aucune contestation possible. Son parrain lui répétait souvent qu'elle serait une mère insupportablement aimante et protectrice. Seul le temps lui dirait s'il disait vrai ou non.

L'empathique apporta donc ce qu'elle avait dans les mains à la cuisine et les déposa dans l'évier. Il y avait quelques autres choses qui trainaient. Cliente mais pas parasite, elle le ferait. Tant pis s'ils le prenaient mal, mais elle doutait sincèrement qu'ils en fassent grand cas. Peut-être la petite se ferait remonter les bretelles, mais Kylia expliquerait la situation et ce serait tout. Elle fit couler l'eau et s'empara d'une éponge qui trainait là, nettoyant avec un grand soin chaque pièce. Sa mère avait toujours été très à cheval sur l'hygiène, qu'elle soit corporelle ou matérielle. Petite, elle n'avait jamais compris pourquoi elle détestait à tel point tout ce qui pouvait ne pas faire net, mais avec le recul, elle pensait savoir ce qui lui était passé par la tête pendant toutes ces années.

Lluvia était une jolie femme, du moins c'est comme ça que sa fille s'en souvenait. Elle avait la peau matte, des yeux très clairs et de longs cheveux bouclés un peu fous qu'elle coiffait toujours impeccablement. Ce n'était pas une beauté fatale, on avait vu mieux à travers les siècles et l'on verrait encore mieux dans ceux à venir. Elle avait cependant un charme certain et une farouche volonté de faire selon son bon vouloir. C'était auprès de Kamiko qu'elle en avait le plus appris sur sa mère, du moins au début. Elle avait fui Modula et un père borné qui lui avait toujours reproché d'être une fille. Ce n'était pourtant pas un mauvais homme, il n'avait jamais levé la main sur elle et elle-même conservait beaucoup d'affection pour lui. Cependant restait cet éternel reproche qu'elle n'avait pas pu digérer. D'après son parrain, Lluvia venait d'un milieu pauvre et peu cultivé mais honnête. Ce qu'il avait de suite remarqué, c'était son besoin permanent de s'élever au-dessus de quelque chose qui la rebutait et dans lequel elle avait vécu.

Au plus elle y pensait, au plus Kylia se rendait compte qu'elle ne l'avait pas connue. Moins bien peut-être que son père qui était plus entier, plus franc et surtout toujours après elle. Mais sa mère avait été là pour eux à tous moments, toujours solide et aimante. Dans le fond, elle pouvait comprendre qu'elle ait eu envie de changer, une vie meilleure pour elle-même et sa famille, mais peut-être qu'avoir eu honte de ses parents n'avait pas été non plus une bonne chose. Elle n'avait jamais connu ses grands-parents qui devaient encore être vivants quelque part derrière ce mur, ils étaient encore jeunes. Cependant, ils réagiraient sans doute mal face à une petite-fille dont ils ne savaient peut-être même pas l'existence. Même à l'enterrement de ses parents, elle ne les avait pas vus. Ou alors elle n'y avait pas fait attention. Ce qui était sûr, c'est qu'ils ne l'avaient pas réclamée et elle ne pouvait pas leur en vouloir.

Quand elle eût fini, elle plaça tout sur l'égouttoir à vaisselle de sorte à ce que tout soit dans un bon équilibre et s'essuya les mains sur un torchon encore un peu humide. Elle l'accrocha là où il lui sembla qu'était sa place puis la brune se dirigea vers le couloir emprunté plus tôt pour retourner vers l'atelier. Elle ne savait pas exactement comment ce séjour allait se passer, mais quelque chose lui disait que ce serait en toute simplicité et sans complication. Arrivant à la porte de l'atelier, elle se présenta sur le seuil un peu timidement.


"Je...Je peux vous être utile à quelque chose ?"
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